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Israël suspend les discussions après l'accord Hamas-OLP

par Nidal al-Mughrabi JERUSALEM (Reuters) - Le gouvernement israélien a annulé mercredi une séance de négociations avec l'Autorité palestinienne prévue dans la soirée, après l'annonce d'un accord de partage du pouvoir entre le Hamas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait auparavant sommé Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, de choisir entre la réconciliation avec le mouvement islamiste et la poursuite du processus de paix. Abbas a "choisi le Hamas et pas la paix. Quiconque choisit le Hamas ne veut pas la paix", dit-il dans un communiqué. Un accord de partage du pouvoir avec le mouvement islamiste reviendrait à "signer la fin des négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne", avait auparavant affirmé le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman. Selon la chaîne de télévision israélienne Channel 2, Benjamin Netanyahu réunira jeudi son cabinet de sécurité pour examiner la réponse à apporter à l'initiative palestinienne. Les Etats-Unis ont fait part de leur "déception" après la conclusion de l'accord interpalestinien, qui ne peut que compliquer, selon Washington, la recherche d'une solution négociée entre Israël et les Palestiniens. "On voit mal comment Israël pourrait négocier avec un gouvernement qui ne reconnaît pas son droit à l'existence", a dit Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat. Pour sa part, Mahmoud Abbas a estimé que cet accord n'empêchait nullement la poursuite des négociations avec les Israéliens en vue de trouver une solution négociée prévoyant la création d'un Etat palestinien. "Il n'y a vraiment aucune contradiction entre l'unité (des Palestiniens) et les négociations, nous voulons une paix juste fondée sur une solution à deux Etats", a-t-il dit. LE QATAR FÉLICITE HANIYEH L'Egypte a salué l'accord et le ministre qatari des Affaires étrangères a félicité Ismaïl Haniyeh, chef du gouvernement du Hamas à Gaza, selon une chaîne de télévision du territoire palestinien. L'accord interpalestinien prévoit la formation d'un gouvernement d'union dans les cinq semaines et la tenue d'élections dans un délai de six mois après un vote de confiance du parlement. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007, et le Fatah, mouvement de Mahmoud Abbas dominant au sein de l'OLP, butaient jusqu'ici sur les modalités d'application de l'accord de réconciliation conclu en 2011 sous les auspices de l'Egypte, en raison notamment de désaccords sur les relations avec Israël. "C'est une bonne nouvelle que nous annonçons à notre peuple: le temps des divisions est révolu", s'est félicité Ismaïl Haniyeh, sous les applaudissements des journalistes palestiniens réunis pour la conférence de presse. L'OLP avait envoyé mardi une délégation dans la bande de Gaza pour discuter avec des représentants du Hamas. Il s'agissait de la première rencontre entre les deux mouvements depuis leur conflit de 2007, qui a abouti à une partition de fait entre la Cisjordanie, contrôlée par l'Autorité palestinienne, et la bande de Gaza, aux mains du Hamas. Du côté du processus de paix israélo-palestinien, les négociateurs tentent de prolonger les pourparlers au-delà de la date-butoir du 29 avril. Selon des sources dans les deux camps, de profonds désaccords persistent. LÉGITIMITÉ Si l'accord de réconciliation est appliqué, ce dont beaucoup doutent, il permettra au Hamas de sortir de son isolement et à Mahmoud Abbas de recouvrer une autorité au moins symbolique sur la bande de Gaza. Il lui conférera surtout un surplus de légitimité dans les négociations directes avec les Israéliens en lui permettant de se prévaloir du soutien de tous les Palestiniens, même si le Hamas refuse toute discussion avec l'Etat hébreu. Peu après l'annonce de la conclusion de l'accord, un raid de l'aviation israélienne a fait 12 blessés, dont plusieurs enfants, dans le nord de la bande de Gaza. Dans les négociations israélo-palestiniennes, les deux camps se disent favorables à une poursuite des pourparlers directs, relancés en juillet sous les auspices des Etats-Unis. Benjamin Netanyahu a toutefois accusé mercredi Mahmoud Abbas de formuler des demandes inacceptables. Lors d'une rencontre avec des journalistes israéliens mardi, le président palestinien a demandé qu'Israël s'engage à geler ses activités de colonisation dans les territoires occupés et concentre ses efforts sur la définition du tracé des frontières d'un futur Etat palestinien. "Nous tentons de relancer les négociations avec les Palestiniens", a dit le Premier ministre israélien. "Chaque fois que nous atteignons ce point, (Mahmoud Abbas) accumule les conditions supplémentaires dont il sait qu'Israël ne peut les accepter." (Avec Jeffrey Heller à Jérusalem et Ali Sawafta à Ramallah; Bertrand Boucey, Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français)