Abbé Pierre accusé d'agressions sexuelles : l'évêque de Grenoble dit avoir reçu une lettre de dénonciation dès 2005

Dans ce courrier, une femme dit avoir été "molestée" par le fondateur d'Emmaüs lors d'une signature de livre en Belgique en 1980.

Plus d'un mois après la publication d'un rapport rendu par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre dans lequel on apprenait que le fondateur de l'organisation et acteur majeur contre le mal-logement était accusé par sept femmes de gestes déplacés entre 1970 et 2005, d'autres témoignages émergent.

Mardi 27 août au micro de France Bleu Isère, Mgr Jean-Marc Eychenne, évêque de Grenoble-Vienne, a révélé qu'une "lettre de 2005", dans laquelle une femme accusait également l'homme de foi de gestes déplacés, avait été reçue par son diocèse.

"C'est une personne qui, lors d'une signature de livre en Belgique en 1980, a rencontré l'abbé Pierre. Elle était la dernière, un peu isolée. L'abbé Pierre aurait alors eu des gestes déplacés, il se serait mal comporté. Elle dit avoir été 'molestée' par l'abbé Pierre. Elle souhaitait obtenir des excuses de l'abbé Pierre qui en 2005 était déjà très âgé", détaille-t-il.

Selon le média régional, la missive avait été adressée aux Capucins de France, une communauté catholique. "Cest là qu'il a commencé à exercer, il était donc référencé ici", justifie Mgr Jean-Marc Eychenne. "L'évêque d'alors a demandé aux Capucins de nous adresser cette personne pour l'aider, pour clarifier la situation mais nous n'avons pas eu de suite", ajoute-t-il.

En juin 2023, une femme a pris contact avec les responsables d'Emmaüs France assurant avoir subi de la part de l'Abbé Pierre des agressions sexuelles à la fin des années 70 et au début des années 80.

À l'époque, ses parents sont des amis de l'homme d'Église. Alors qu'elle est mineure, elle raconte que l'abbé Pierre, de 50 ans son aîné, lui a touché la poitrine à plusieurs reprises alors qu'il est invité dans la maison familiale.

Après ce premier témoignage, Emmaüs international, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre qui lutte contre l'exclusion ont mandaté trois mois plus tard le cabinet Egaé, un organisme indépendant qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles, pour enquêter.

Au final, douze entretiens ont été menés auprès de différentes personnes. Dans le rapport public réalisé, sept femmes, au total, se sont confiées sur celui qui a été, à 16 reprises, personnalité préférée des Français. Une des personnes entendues rapporte un retentissement psychologique.

Dans la semaine qui a suivi la publication du rapport, la plateforme mise en place par le cabinet Egaé, à l'origine du recueil des témoignages de femmes accusant le prêtre de violences sexuelles, a reçu des appels ou des mails de nouveaux signalements.

Article original publié sur BFMTV.com