Le site de Sivens évacué après l'abandon du projet de barrage

Le conseil général du Tarn a décidé vendredi d'abandonner son projet initial controversé pour le barrage de Sivens et a accepté de le "redimensionner", retenant l'option d'un réservoir réduit comme le préconisaient les experts mandatés par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal. /Photo prise le 28 octobre 2014/REUTERS/Régis Duvignau

par Johanna Decorse SIVENS, Tarn (Reuters) - Les forces de l'ordre ont évacué vendredi les militants écologistes qui occupaient le site du barrage controversé de Sivens après que le conseil général du Tarn a décidé d'abandonner le projet initial et de le "redimensionner". L'ordre d'évacuation a été donné à la mi-journée et la quarantaine de "zadistes" restés sur place ont été expulsés sans incident majeur. Les forces de l'ordre ont procédé à 21 interpellations pour des faits de violence ou pour "attroupement interdit après sommation", a annoncé le ministre de l'Intérieur. "Aucun blessé nécessitant des soins ou une hospitalisation n'est à déplorer", a ajouté Bernard Cazeneuve. "Dans la République, il n'est aucun autre chemin possible que celui du refus de la violence, du respect du droit et des décisions de justice", a-t-il dit lors d'une brève déclaration à la presse, à Paris. Deux escadrons de gendarmerie -environ 150 hommes- vont rester sur place pour empêcher l'accès au site. Le Premier ministre Manuel Valls avait mis en garde les opposants qui persisteraient à résister, la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, tué par une grenade de gendarmerie en octobre dernier sur le site, étant dans tous les esprits. "Il faut maintenant que tout cela s'arrête et que la vie normale reprenne ses droits sur son territoire", a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune avec son homologue québécois Philippe Couillard, à Matignon. Les élus du Tarn avaient adopté dans la matinée, par 43 voix sur 46, la résolution proposée par le président socialiste du conseil général, Thierry Carcenac, de faire le choix d'une "retenue d'eau redimensionnée" dans la zone du projet initial. LE GOUVERNEMENT SALUE UNE SOLUTION ÉQUILIBRÉE "Des études complémentaires doivent être réalisées le plus rapidement possible pour savoir où ce redimensionnement se positionnera, à 300 mètres, à 200 mètres, à 50 mètres ou sur le site actuel", a déclaré Thierry Carcenac à l’issue du vote. "Nous essaierons de trouver la meilleure solution pour répondre au besoin en eau qui est avéré." Il a écarté l'autre solution proposée par les experts, jugée plus coûteuse et plus longue à mettre en oeuvre, un ensemble de trois retenues latérales ou collinaires dont une sur le site de Sivens et les deux autres à proximité. Les ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture ont approuvé la décision du conseil général qu'ils estiment équilibrée. "Cette décision (...), tout en respectant l’ensemble des critères de protection environnementale, sécurisera les apports en eau nécessaire pour des productions agricoles à forte valeur ajoutée et génératrices d’emploi local", disent-ils dans un communiqué. A l'arrêt depuis octobre, le projet initial de barrage-réservoir a été enterré à la mi-janvier par Ségolène Royal, à la suite d'un rapport d'experts défavorable. Maryline Lherm, conseillère générale du canton de Lisle-sur-Tarn et maire de cette même commune où devait être construit l'ouvrage, auquel elle était favorable, a voté pour son redimensionnement avant tout pour obtenir l’évacuation des zadistes qui occupent la zone depuis octobre 2013. "Si je vote ce texte, c'est parce qu'il y a l'évacuation à la clé", a-t-elle déclaré, pour en finir avec "la souffrance" des habitants de la vallée du Tescou. L'élue départementale Anne Laperrouze a également voté le texte pour que "l'Etat de droit soit respecté" bien qu'il demeure pour elle "un compromis avec un peu de flou". (Avec Julien Ponthus à Paris, édité par Yves Clarisse)