A quoi ressemble la party-house la plus connue et la plus grande d’Hollywood ?

Elle domine les collines d’Hollywood et accueille régulièrement une flopée de familles royales et de célébrités, telles que Justin Bieber ou The Weekend, venues organiser des soirées. Pourtant, l’immense villa Weidlake est aujourd’hui au cœur d’une guerre entre son propriétaire et les voisins du quartier, jadis tranquille.

Durant la journée, la villa Weidlake est resplendissante, pour qui admire l’opulence et le luxe. Les gigantesques lettres blanches "Hollywood" surplombent les piscines de l’immense demeure de verre et d’acier, qui comprend pas moins de cinquante-et-une salles de bains et trente-deux chambres. Le complexe américain est régulièrement loué par de nombreuses familles royales, vedettes du star-system et autres tournages de télé-réalités pour quelques 40 000 dollars par mois.

Et c’est là que le bât blesse : à un prix si alléchant pour les stars les plus cossues, celles-ci ne se privent pas de transformer chaque semaine le célèbre manoir en véritable dépotoir à tendance maison-pas-close-du-tout. Devenue un enfer pour le voisinage et les autorités de Los Angeles, la villa Weidlake met aujourd’hui son propriétaire Danny Fitzgerald au pied du mur, comme en témoigne une enquête du Hollywood Reporter.

Hollywood Reporter/Avec l'autorisation de la Hollywood Dell Civic Association.
Hollywood Reporter/Avec l'autorisation de la Hollywood Dell Civic Association.

Un lion et des soirées exhib

Depuis 2006, date du début de la bataille dans ce quartier autrefois paisible, les résidents ont passé près d’une centaine d’appels pour nuisances sonores et plaintes. Tous sont excédés par les locataires qui tantôt détiennent illégalement un lion, tantôt couchent ensemble au vu et au su de tous, sur le patio ou les comptoirs. "Des gens ivres balancent leurs bouteilles et prennent les pelouses des autres pour des toilettes"ajoute Patti Negri, président de l’association Hollywood Dell Civic. Selon le magnat de l’immobilier détenant la villa, Danny Fitzgerald, les locataires causant le plus de dégâts seraient les boites de productions, de celle d’American Idol (Fox) à celles de films pornos.

Peu à peu, la super-house-party est devenue le cheval de bataille du procureur de Los Angeles Mike Feuer, qui menaçait le propriétaire des lieux de poursuites judiciaires l’été dernier. Ce dernier, pourtant, dénigre le conflit. Se posant en défenseur du rêve américain, l’homme d’affaires de 56 ans vante les mérites de sa "boite de nuit à domicile" capable d’accueillir plusieurs centaines de personnes. Et qu’importe si sa flagornerie auprès de Justin Bieber, Sean Kingston, T.I ou encore The Weekend a fait de lui le plus grand paria d’Hollywood.

Hollywood Reporter/Avec l'autorisation de la Hollywood Dell Civic Association
Hollywood Reporter/Avec l'autorisation de la Hollywood Dell Civic Association

 

Une maison impossible à vendre

"Ils voudraient que plus personne ne fasse la fête", témoigne le propriétaire de la villa Weidlake. "Continuez à vous plaindre chaque jour, bande de connards (…) Ces maisons rapportent de l’argent. Achetez-les et je partirai." Ambiance. A 50 millions de dollars la villa, la transaction n’est pas encore à l’ordre du jour ; les agents immobiliers recommandent justement à Fitzgerald de baisser son prix de plusieurs millions.  "Quelqu'un prêt à payer 50 millions de dollars ne vivrait pas dans cette partie de la ville. Ils vont acheter à Bel air. Je la vendrais plutôt à 20 millions" avance l’un d’eux.

Fils d'un vendeur de bière et d’une serveuse, Fitzgerald a toujours grandi dans l’objectif d’échapper à ses racines ouvrières et de n’avoir "ni une maison de merde, ni une voiture de merde plus tard", comme il le confie au Hollywood Reporter. Celui qui a longtemps possédé le Century Club où il accueillait Dr Dre, Jamie Foxx et Ice Cube avant sa fermeture en 2007 a débuté ses années de business immobilier dès l’obtention de son diplôme. Le complexe Weidlake constitue sa pièce-maîtresse. "Justin Bieber est une vraie crème, il adorait la salle de gym et bossait tous les jours" rapporte Danny Fitzgerald, tandis qu’un ami du chanteur confie au magazine Radar que le but de cette location était de trouver un lieu par défaut pour organiser des soirées, afin de ne pas retourner l’appartement du chanteur canadien. Comble de l’ironie, certains locataires sont eux-mêmes énervés par "les bus touristiques qui commencent à arriver dans le quartier", comme en témoigne Bastian Yott, un entrepreneur allemand qui occupe actuellement la villa.

Danny Fitzgerald devant sa demeure/Hollywood Reporter/Hollywood Dell Civic Association.
Danny Fitzgerald devant sa demeure/Hollywood Reporter/Hollywood Dell Civic Association.

Des voisins et des autorités sur le qui-vive

Bien qu’elle connaisse par coeur l’univers déjanté du cinéma hollywoodien grâce à son métier, Cynthia Martinez, l’une des voisines, ne supporte plus les voitures qui débarquent à 1 ou 2 heures du matin. "Je me réveille à 4 heures pour être en plateau deux heures plus tard, si les gens font la fête toute la nuit, je ne dors pas. Et je ne veux pas déménager". Jeff Dowden, un retraité vivant en face de Weidlake, ne la contredit pas : "la raison pour laquelle peu d’appels aboutissent est la lenteur de la police à intervenir" assène-t-il en soulignant que les sirènes invitent souvent les fautifs à déguerpir à temps. Pourtant, les autorités affirment surveiller pourtant la situation quotidiennement. Quant au propriétaire, il reconnaît la centaine d’appels passés par les voisins, mais refuse de faire des généralités. "Sean Kingston a habité ici deux ans. Il y a eu une plainte pour une sono trop bruyante. C’est n’importe quoi. Il était 19h et Sean chantait simplement dehors avec ses enceintes."

Parallèlement, les taxes foncières continuent d’augmenter. En 2014, elles auraient coûté à Fitzgerald entre 23 000 et 50 000 dollars par maison, soit un prix quinze fois plus élevé que celui de ses voisins. Blâmant ce système "injuste", l’homme d’affaires pourrait y trouver une raison de cesser son business.  "J’arrête. Je suis fatigué", dit-il. Devenu une espèce en voie de disparition dans Los Angeles, il se prend à rêver : "Désormais, la ville modifie les codes de construction et plus personne n’a le droit de créer ce genre de maison (…) Un jour, les gens diront de Weidlake : Wow, comment a-t-il pu construire ça ?" Il sourit, pense à ce qu’il a accompli et s’imagine déjà comme une légende locale, loin des cris des riverains.