Aéroport pris d'assaut, pillages... Ce que l'on sait sur les nouvelles violences en Martinique malgré le couvre-feu
La crise se poursuit. La situation reste tendue en Martinique ce vendredi 11 octobre, malgré l'instauration d'un couvre-feu et d'une interdiction de manifester sur l'île. Des actes de vandalisme et des blocages d'axes routiers ont été réalisés pendant la nuit, sur fond de protestation contre la vie chère.
• Vandalisme et routes bloquées malgré un couvre-feu
De nombreux incendies étaient en cours ce vendredi matin dans la commune du Lamentin, ainsi que dans la zone logistique située autour de l'aéroport Aimé-Césaire, a appris BFMTV de source policière. Un groupe de 50 motards ont notamment tenté de piller et d'incendier des locaux commerciaux près de l'aéroport.
De nombreux axes routiers ont par ailleurs été bloqués et les établissements scolaires sont tous fermés ce vendredi "par principe de précaution" sur décision du rectorat.
Le CHU de Martinique a annoncé l'activation d'un plan blanc jeudi au cours duquel des "déprogrammations d'actes opératoires ou de consultations sont organisées". Les pharmacies de l'île ont déclaré "ne plus être en mesure d'assurer le service d'urgence".
Ces violences sont survenues alors qu'un couvre-feu avait été instauré jeudi soir par la préfecture et une interdiction de manifester a également été instaurée sur toute l'île "jusqu'au 14 octobre". Une réponse des autorités à une mobilisation contre la vie chère sur l'île depuis septembre. Elle a été initiée par un mouvement baptisé Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), qui a dégénéré avec des violences urbaines.
• L'aéroport fermé après l'irruption de manifestants
Jeudi, entre 150 et 200 manifestants ont envahi la piste de l'aéroport Aimé-Césaire vers 15h30, heure locale, soit 21h30, heure de Paris, a appris BFMTV de source policière. Ils ont bloqué la piste pendant 1 heure et 20 minutes.
Une quarantaine d'individus ont également pris d'assaut l'aérogare. Les autorités ont décidé de fermer l'aéroport jusqu'à 7 heures, heure locale, soit 13 heures, heure de Paris, ce vendredi.
Selon la préfecture de Martinique, l'envahissement de l'aéroport est survenu après que "des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux", évoquant l'arrivée de "300 ou 250 CRS" sur l'île par avion. Des rumeurs démenties par la préfecture.
En raison de ces perturbations, trois avions qui devaient atterrir en Martinique ont été déroutés et ont atterri en Guadeloupe. Les 1.117 passagers et membres d'équipage ont bénéficié d'une aide pour être nourris et logés.
• Deux motards tués, des policiers blessés
Au total, deux morts sont recensés par les autorités. Selon nos informations, il s'agissait de motards qui ont été percutés par un automobiliste sur une voie rapide à Fort-de-France. Ils pourraient avoir participé aux pillages.
Un homme de 26 ans a également été blessé à l'arme blanche au Vauclin, dans l'Est de l'île. Il a reçu quatre coups de couteau, alors qu'il était sur un barrage. Il a été transporté à l'hôpital.
Plusieurs policiers ont par ailleurs été visés par des tirs d'arme à feu du passager d'un scooter, dans le quartier Sainte-Thérèse, à Fort-de-France, sans être blessés. Des brigades de gendarmerie ont également été attaquées à Rivière-Salée, Saint-Esprit, Saint-Pierre et Rivière-Pilote.
D'autres policiers ont été blessés, dont le nombre est encore indéterminé. Douze personnes ont été interpellées.
• Appel "au calme" des maires et du préfet
L'association des maires de la Martinique et celle des maires de France ont appelé "au calme et au dialogue (...) face à l'escalade des violences urbaines". "La violence ne peut pas être une solution face aux problèmes économiques", ont-elles soutenu dans un communiqué.
Le préfet de la Martinique a également "appelé à la désescalade de la violence, d'où qu'elle vienne". Il s'est par ailleurs "félicité des avancées obtenues à la cinquième table ronde sur la vie chère" et a estimé qu'elle avait "apporté une preuve supplémentaire de la nécessité de toujours privilégier la discussion".
Les participants à cette réunion doivent se retrouver ce vendredi à 15 heures, heure locale, soit 21 heures, heure de Paris, "pour conclure ces discussions et présenter les arguments souscrits".