83 éléphants, 30 hippopotames, 300 zèbres... La Namibie va offrir leur viande aux victimes de la sécheresse
83 éléphants, 30 hippopotames, 60 buffles, 50 impalas, 100 gnous bleus, 300 zèbres et 100 élans... Ce sont les 723 animaux que prévoit d'abattre le ministère de l'Environnement de la Namibie, rapporte l'agence de presse britannique Reuters ce mardi 27 août.
L'objectif? Distribuer de la viande à sa population confrontée à une pénurie alimentaire liée à une importante sécheresse. L'Afrique australe est en effet confrontée à sa pire sécheresse depuis des décennies. Une sécheresse, provoquée par le phénomène El Niño et la hausse des températures liée au changement climatique, qui a anéanti les récoltes dans toute cette région du sud-ouest du continent africain.
La Namibie a ainsi épuisé 84 % de ses réserves alimentaires le mois dernier, selon les Nations unies, et 68 millions de personnes en souffrent. Près de la moitié de la population namibienne devrait connaître une forte insécurité alimentaire dans les mois à venir, souligne Africa News.
Les "ressources naturelles sont utilisées au profit des citoyens namibiens"
Le ministère de l'Environnement du pays estime, dans un communiqué publié ce lundi 26 août, que cet abattage "est nécessaire et conforme à (leur) mandat constitutionnel selon lequel (leurs) ressources naturelles sont utilisées au profit des citoyens namibiens".
"L'abattage aura lieu dans les parcs et les zones communes où les autorités estiment que le nombre d'animaux dépasse les pâturages et les réserves d'eau disponibles", est-il précisé.
Il est également expliqué que cela "contribuera à réduire l'impact négatif de la sécheresse sur la conservation des animaux sauvages dans (les) parcs nationaux et (les) zones communales".
Considérant que la sécheresse a entraîné une augmentation des conflits entre les humains et la faune sauvage, le ministère affirme que l'abattage aura lieu dans des zones où les frictions sont élevées, en particulier avec les éléphants.
"83 éléphants provenant de zones de conflit identifiées seront abattus et la viande sera allouée au programme de secours contre la sécheresse", indique le gouvernement.
L'abattage est effectué par des "chasseurs professionnels" "sous contrat avec le ministère et les conservatoires dans des zones spécifiques". "À ce jour, 157 animaux ont livré 56,875 kilogrammes de viande", souligne le ministère.
Les défenseurs des animaux pointent des motivations politiques
Si une zone de conservation d'Afrique Australe -répartie sur cinq pays- est le foyer de l'une des plus grandes populations d'éléphants au monde, selon Reuters, les défenseurs des droits des animaux ont exprimé leur inquiétude.
Le groupe "La ville se bat pour les éléphants et les rhinocéros" a lancé une pétition afin de demander l'arrêt du "plus grand abattage massif d'animaux sauvages de l'histoire de la Namibie".
Ce groupe de défense des animaux affirme que la politique du gouvernement namibien "consistant à autoriser l'abattage d'un grand nombre d'animaux sauvages depuis 2011 a anéanti toute la faune sauvage, à l'exception des éléphants et des girafes" dans le nord-ouest du pays.
Les défenseurs estiment que cette mesure "est lancée sans évaluation préalable de l'impact sur l'environnement" et de "l'impact économique" que cela aura sur le pays. Ils suggèrent également qu'une "partie" de cet abattage sera "vendue sous forme de trophées de chasse à des étrangers fortunés". Ou encore que cela est effectué à des fins politiques.
"La Namibie est en pleine année électorale et le parti au pouvoir, la SWAPO, est confronté à un rejet croissant de la part des électeurs, dont le soutien politique provient principalement des zones communales rurales qui doivent recevoir cette viande d'abattage", écrivent les détracteurs. Pour eux, cela vise surtout à "renforcer (leur) soutien politique". Quitte à "exploiter et potentiellement d'anéantir ce qui est une ressource faunique fragile".