8 Mars : Pourquoi le RN veut rendre hommage à Jeanne Deroin, militante socialiste
POLITIQUE - Il y a plusieurs façons de se positionner sur la journée internationale du droit des femmes, ce mercredi 8 mars, au Rassemblement national. Il y a le tweet façon bouquet de fleurs et visuel rose bonbon de la députée RN du Lot-et-Garonne Hélène Laporte, et il y a la version parlementaire de sa collègue du Vaucluse, Bénédicte Auzanot, autrice d’une proposition de résolution.
Déposé à l’Assemblée nationale, le texte vise à « rendre hommage à Jeanne Deroin, première femme à une élection législative en France ».
Dans l’exposé des motifs, l’élue lepéniste justifie ainsi son initiative. « Le ’suffrage universel’ adopté en 1848 est en fait un suffrage exclusivement masculin comme le souligne en 1849 Jeanne Deroin qui mène campagne et se présente aux élections législatives. Sa candidature vouée à l’échec est largement moquée », explique la résolution, qui rappelle que l’intéressée est de fait « historiquement la première Française à se porter candidate à une élection ».
L’élue RN rappelle par ailleurs que Jeanne Deroin était une « militante féministe avant l’heure et une socialiste ». Des caractéristiques habituellement peu perçues comme des qualités à l’extrême droite, mais qui permettent au Rassemblement national de s’afficher consensuel alors qu’il y a quelques mois plus de 20 élus RN ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG.
🟣 En cette journée internationale des #DroitsDesFemmes, j’ai co signé une proposition de résolution pour rendre hom… https://t.co/mvrtMxcPef
— Julien Rancoule (@J_Rancoule) Voir le tweet
« Nous ne sommes pas dupes »
Une volonté de chasser sur les terres mémorielles de la gauche qui a tout de suite fait bondir. « Nouvel acte opportuniste du RN qui veut rendre hommage à Jeanne Deroin. Militante socialiste, elle s’est battue sa vie entière pour l’émancipation des femmes et l’affranchissement des travailleurs. Tout l’inverse du RN. Nous ne sommes pas dupes », a réagi sur Twitter le député socialiste Artur Delaporte.
Faute d’avoir juridiquement la possibilité de se porter candidate malgré l’élan de liberté insufflé par l’instauration de la IIe République, Jeanne Deroin n’a pas été élue députée, mais a poursuivi ses activités politiques auprès du monde ouvrier.
Un temps emprisonnée, elle s’exile en Angleterre, après le coup d’État réalisé par Louis Naopélon Bonaparte en décembre 1851, qui scelle le sort du régime républicain. Ce même Napoléon III dont le même Rassemblement national a demandé via le même procédé parlementaire le rapatriement des cendres à des fins de réhabilitation historique.
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