"Pas le 5ème groupe de la Nupes": les Liot se divisent sur la suite de la réforme des retraites

Une motion de censure qui a du plomb dans l'aile. Après le vote en commission de la proposition de loi Liot sur l'abrogation de la réforme des retraites mercredi, expurgé de l'article qui veut revenir sur les 64 ans, les députés du groupe Liot se divisent.

"On ne va pas être le cinquème groupe de la Nupes. Est-ce qu'on a un intérêt à débattre dans l'hémicycle d'un texte qui n'a plus aucun sens ? Il faut qu'on arrête les excès de langage et qu'on remette un peu les choses à leur place", s'agace le député Liot Christophe Naegelen auprès de BFMTV.com.

"Une tribune dans l'hémicycle"

Dans le camp de ce groupe de parlementaires hétéroclite qui se compose de centristes, d'anciens macronistes, d'ex-socialistes et de la plupart des élus ultramarins de l'hémicycle, les esprits commencent sérieusement à s'échauffer.

Le rapporteur du texte, Charles de Courson, élu à l'Assemblée nationale depuis 1993 et figure très respectée du Palais-Bourbon, a déjà prévenu. Il déposera un amendement pour réintroduire l'article premier du texte et débattre jeudi 8 juin dans l'hémicycle.

De quoi permettre à Yaël Braun-Pivet de dégainer l'article 40 et de le juger irrecevable, stoppant net les débats. La manœuvre aurait l'avantage pour la macronie d'essayer de tourner définitivement la page des retraites dans l'hémicycle.

Mais si les Liot le souhaitent, l'article 2 et l'article 3 de la proposition de loi peuvent bien être débattus.

"Ça n'aurait pas beaucoup de sens juridique parce que notre proposition de loi a été vidée de son sens mais ça nous offre une tribune et ça permet aux oppositions de redire qu'on ne veut pas de la réforme des retraites", décrypte l'un des collaborateurs du groupe.

"À un moment, on dit stop"

À quatre jours de la réunion de groupe qui se tiendra mardi matin, plusieurs députés veulent au moins s'assurer qu'une discussion générale qui permet à tous les groupes de s'exprimer à la tribune aura bien lieu sur l'abrogation de la réforme.

"On va en profiter pour rappeler que l'exécutif est dans une logique anticonstitutionnel. À un moment, on dit stop", s'agace-t-on dans l'entourage du président du groupe Bertrand Pancher.

"Il faut qu'on trouve un juste équilibre entre se faire entendre et utiliser également notre niche pour des textes utiles comme celui sur la taxation des transactions financières", fait remarquer un élu qui veut "rester uni avec ses collègues".

"Choisir le moment" pour une future motion de censure

Si le groupe Liot devrait donc bien monter au créneau jeudi, le dépôt d'une motion de censure dans la foulée semble s'éloigner. En mars dernier, le groupe Liot avait déposé une première motion de censure transpartisane avec un vrai succès. Élisabeth Borne n'avait échappé au renversement de son gouvernement qu'à seulement 9 voix près.

"On va bien en déposer une mais pas tout de suite. On veut bien choisir notre moment", résume un député du groupe.

Charles de Courson se veut plus direct. Ce gouvernement finira bien "par être renversé s'il continuait à se comporter comme il se comporte", a assuré le taulier du Parlement, sur notre antenne. En attendant, ce report fait sourire la macronie.

"Les Liot, c'est combien de divisions alors que la plupart sont proches de nous idéologiquement ? C'est bien qu'à un moment, ça se voit", tance un conseiller ministériel.

Dans le camp de ces parlementaires, on se projette déjà dans l'après. "Tout le monde est le bienvenu dans nos rangs", affirme ainsi un collaborateur du groupe. Dans le viseur: des députés LR mais aussi des déçus de Renaissance.

Article original publié sur BFMTV.com