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La mobilisation anti-réforme du Code du travail s'essouffle

Les syndicats ont lancé jeudi leur quatrième journée de mobilisation nationale contre la réforme, bientôt ratifiée, du Code du travail, avec Force ouvrière officiellement en renfort pour la première fois depuis la rentrée. /Photo prise le 16 novembre 2017/REUTERS/Stéphane Mahé

PARIS (Reuters) - La quatrième journée de mobilisation contre la réforme du Code du travail n'a réuni jeudi que 80.000 manifestants dans toute la France, dont 8.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, confirmant l'essoufflement du mouvement.

Contrairement aux précédentes journées d'action contre cette réforme, Force ouvrière (FO) avait pourtant rejoint en tant que telle la CGT, Solidaires, l'Unsa, la FSU et les organisations étudiantes et lycéennes Unef, UNL et FIDL.

Si quelques militants CFDT et CFTC ont participé aux cortèges, en revanche les instances nationales de ces deux centrales n'avaient pas appelé à manifester.

Le mouvement a été très peu suivi au sein de l'Education nationale, où le taux moyen de grévistes n'est que de 1,44%, selon le ministère de l'Education.

La CGT a fait pour sa part état de 172 manifestations et de dizaines de milliers de manifestants sur l'ensemble du territoire, dont 40.000 dans les rues de la capitale.

Le projet de loi de ratification des ordonnances modifiant le droit du travail, première réforme d'ampleur du quinquennat d'Emmanuel Macron, sera examiné en séance publique par les députés à partir du mardi 21 novembre.

Le Conseil d'Etat a rejeté jeudi un recours de la CGT demandant la suspension de l'exécution de plusieurs articles de l'ordonnance du 22 septembre sur le renforcement de la négociation collective.

Les trois précédentes journées d'action des 12 et 21 septembre et du 19 octobre avaient réuni respectivement 223.000, 132.000 et 37.700 personnes dans les rues de France, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

Pour la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, ce recul de la mobilisation montre que le syndicalisme de confrontation n'a plus la cote et que la méthode de concertation du gouvernement porte ses fruits.

"Ce n'est pas un baroud d'honneur", a cependant martelé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. "C'est important de se retrouver ensemble dans les manifestations (...) pour montrer que le mécontentement, il est là".

AVERTISSEMENT DE MAILLY

Cette nouvelle journée d'action visait, au-delà de la réforme du droit du travail, à protester contre la politique sociale d'Emmanuel Macron dont les organisateurs estiment qu'elle accroît "les inégalités au profit d'une minorité".

Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui manifestait à Marseille, a souhaité mettre en garde le gouvernement concernant les prochaines réformes sociales.

"Les ordonnances, on arrive au bout", a-t-il dit à des journalistes. "Nous alertons le gouvernement sur les discussions à venir, notamment sur l'assurance chômage (...), les retraites mais aussi (...) sur l'avenir du service public républicain".

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, manifestait lui aussi à Marseille.

"La bataille n'est pas finie. Il ne faut plus être séparé. La division syndicale nous a coûté très cher", a-t-il dit en marge de la manifestation qui a rassemblé 25.000 personnes selon les organisateurs, environ 2.500 d'après la police.

"M. Mailly dit qu'il y a d'autres échéances (...) mais aujourd'hui, le problème, c'est les ordonnances, donc on répond au problème qui se présente", a-t-il ajouté.

A Bordeaux, les manifestants étaient entre 1.650 selon la préfecture et 4.000 selon les organisations syndicales, une mobilisation moins forte que lors des précédents rendez-vous.

Tout comme à Lyon, où quelque 3.000 participants selon la police, 6.000 selon les syndicats, se sont rassemblés à la mi-journée. De même, 1.200 à 2.000 personnes ont défilé à Rennes alors qu'elles étaient plusieurs milliers lors des précédents rassemblements.

(Arthur Connan, avec Claude Canellas à Bordeaux, Catherine Lagrange à Lyon, Jean-François Rosnoblet à Marseille, Pierre-Henri Allain à Rennes, édité par Emmanuel Jarry)