4°C de plus à Paris et plus de 2 millions de personnes menacées par les inondations : la France face au défi des conditions météorologiques extrêmes

4°C de plus à Paris et plus de 2 millions de personnes menacées par les inondations : la France face au défi des conditions météorologiques extrêmes

Les épisodes de sécheresse, mais aussi les inondations ou une hausse des températures de l'ordre de 4°C sont autant de conséquences à prévoir, en France, en raison du changement climatique.

Un rapport récent, publié par réseau d'organisations environnementales, vient décrire comment la crise climatique est déjà à l'œuvre dans l'hexagone - et comment elle va encore s'aggraver.

Il met en évidence les effets qui constituent la plus grande menace pour chacune des 18 régions du pays - 13 en France et 5 en outre-mer.

"Les impacts du changement climatique sont aussi divers que les paysages français et ne s'expriment pas de la même manière dans toutes les régions", peut-on lire dans le rapport.

Si toutes les régions subissent déjà les effets délétères du dérèglement climatique, chacune d'entre elles présente ses propres vulnérabilités.

Nouvelle-Aquitaine et Pyrénées : la sécheresse à prévoir, et des difficultés concernant l'eau

La sécheresse est un sujet de préoccupation majeur sur l'ensemble du territoire français, et à l'avenir, cette question pourrait bien cristalliser les tensions entre les particuliers, et les secteurs de l'agriculture et de l'industrie, qui devront jouer des coudes pour avoir accès à cette ressource. Selon certaines projections, la Loire, par exemple, pourrait voir son débit diminuer de moitié dans les années à venir.

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La Nouvelle-Aquitaine, qui comprend de vastes forêts et de longues étendues de littoral, sera également touchée. Au total, 3,9 millions de personnes, soit 69 % de la population de la région, sera exposée à au moins un aléa climatique.

Le changement climatique allonge les périodes de sécheresse dans le sud de la France.
Le changement climatique allonge les périodes de sécheresse dans le sud de la France. - AP Photo/Daniel Cole

Parmi ceux-ci, la sécheresse sera le phénomène qui touchera le plus grand nombre de personnes. Depuis 1950, le niveau de précipitations a diminué, et les températures ont augmenté. La région a connu des épisodes de sécheresse en 2018, 2019, 2021 et, le pire de tous, observé en 2022, a battu tous les records. Il s'agit de l'année la plus chaude jamais enregistrée dans la région, avec plus de 70 jours au-dessus de 30°C et une sécheresse qui a débuté au printemps et a duré plusieurs mois.

La sécheresse aggrave aussi d'autres risques, comme celui de faire face à des incendies dans les zones très boisées, ou encore la dégradation des sols, qui favorise les inondations et accroît la pression sur des ressources agricoles déjà soumises à de fortes contraintes.

L'impact majeur des chaleurs extrêmes en ville : l'exemple de Paris

Les villes comme Paris sont particulièrement vulnérables aux chaleurs extrêmes. En moyenne, la France a connu un réchauffement d'environ 1,9 °C, mais le réchauffement pourrait atteindre plus de 4 °C d'ici 2100, compte tenu des politiques climatiques actuellement en vigueur.

L'Île-de-France et la Provence-Alpes-Côte d'Azur sont les premières régions touchées par les températures extrêmes.

Si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent ainsi, l'Ile-de-France serait confrontée à 30 jours de canicule par an et à des températures qui pourraient culminer à 50°C d'ici 2050.

La forte urbanisation rend la région particulièrement vulnérable, car les matériaux tels que le béton, la pierre et le métal absorbent et retiennent la chaleur. C'est ce que l'on appelle l'effet d'îlot de chaleur urbain. Les températures ont déjà augmenté de 2 °C en moyenne depuis le milieu du XXe siècle.

Des personnes se rafraîchissent dans les fontaines du Trocadéro à Paris.
Des personnes se rafraîchissent dans les fontaines du Trocadéro à Paris. - AP Photo/Michel Euler

Cette chaleur a des conséquences sur les vies humaines, Paris étant considérée comme l'une des villes européennes présentant le risque relatif le plus élevé en termes de surmortalité attribuée à la chaleur, selon une étude du Lancet Planetary Health.

Si ces régions fortement urbanisées sont les plus exposées, il en va de même pour toutes les grandes villes de France.

Les inondations menacent 2,2 millions de personnes dans les Hauts-de-France

Dans le nord du pays, la menace la plus importante qui pèse sur les Hauts-de-France est celle des inondations : six communes sur dix sont menacées, soit un bassin de population de 2,2 millions de personnes. Des inondations répétées ont déjà frappé la région en novembre 2023, lorsque l'équivalent de trois mois de pluie est tombé en deux semaines, touchant 244 communes et 450 000 habitants.

La modification du sol due à l'urbanisation rend ce dernier particulièrement vulnérable face à l'augmentation rapide des précipitations. À titre d'exemple, Boulogne-sur-Mer a connu une augmentation de 29,3 mm par décennie depuis les années 1950.

Le rapport indique également que les épisodes pluvieux sont désormais plus concentrés, et ce sur des périodes plus courtes. La diminution des précipitations en été entraîne des sécheresses et la dégradation des sols, tandis que l'augmentation des précipitations en hiver, avec des épisodes plus extrêmes, accroît le risque d'inondation.

L'élévation du niveau de la mer rend également les régions côtières des Hauts-de-France particulièrement vulnérables.

La hausse du niveau de la mer et l'érosion côtière plus marquées en Bretagne

La Bretagne n'est à l'évidence pas épargnée, puisque la région qui s'étend sur un tiers du littoral français est confrontée à une sérieuse menace liée à l'élévation du niveau de la mer.

À Brest, celui-ci a augmenté de 20 cm depuis 1900, dont environ 13 cm depuis 1970.

Et cette hausse s'accélère, quel que soit le scénario concernant l'émission de gaz à effet de serre. Limiter le réchauffement de la planète à 2°C pourrait permettre à la région de gagner du temps. Avec un réchauffement de 2°C, l'élévation de deux mètres du niveau de la mer pourrait ne pas se produire avant 2300. Si les émissions continuent d'augmenter, il pourrait s'élever d'un mètre d'ici la fin du siècle, et de deux mètres d'ici 2150.

L'érosion côtière constitue aussi une menace sérieuse, puisque 130 000 personnes vivent dans des zones déjà menacées de submersion, en particulier à Saint-Malo où 25 000 habitants vivent sous le niveau de la mer.

"La forte exposition et la grande vulnérabilité de nos côtes au changement climatique sont bien établies, et ces effets ne peuvent donc que s'aggraver avec l'élévation du niveau de la mer", indique le Haut Conseil de Bretagne pour le climat, dans son rapport annuel 2024.

Des risques climatiques voués à s'aggraver en France

Et toutes ces sombres prévisions ne pourraient que constituer un avant-goût de ce qui attend l'hexagone. Dans ce rapport, publié le 19 septembre par le Réseau Action Climat (RAC) en partenariat avec l'Agence pour la transition écologique (Ademe), ses auteurs décrivent précisément l'impact des risques climatiques sur chaque région, et la façon dont ils pourraient s'aggraver à l'avenir.

Un pompier répand de l'eau pour éteindre les restes d'un incendie dans une forêt à Hostens, au sud de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France.
Un pompier répand de l'eau pour éteindre les restes d'un incendie dans une forêt à Hostens, au sud de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. - AP Photo/Francois Mori

Ces projections, basées sur les scénarios du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), s'appuient également sur des données détaillées fournies par Météo-France, le Haut conseil pour le climat, l'Institut national de la statistique et des études économiques.

Les auteurs du rapport confirment la nécessité d'agir rapidement, car les conséquences des scénarios "les plus pessimistes" seraient dramatiques.

Les collectivités locales ont besoin de davantage de moyens pour s'adapter

Le RAC espère que, tout en exhortant le gouvernement à agir, le rapport pourra devenir un outil qui permettra aux autorités locales d'accélérer la transition énergétique.

Encore faut-il disposer de suffisamment de moyens. L'Institute for Climate Economics estime que les collectivités locales ont investi près de 8,4 milliards d'euros par an dans la transition écologique. Pour atteindre les objectifs climatiques actuels, ce montant devrait plus que doubler pour atteindre 19 milliards d'euros par an. Ce qui implique d'employer 25 000 personnes à temps plein, dédiées à ces problématiques.

Un fonds de transition écologique a été présenté par l'ancien gouvernement comme le principal levier de financement de la transition écologique au niveau local.

Moins d'un an après son annonce, il a déjà été réduit à deux reprises, puisqu'il est passé de 2,5 milliards d'euros dans le projet de loi de finances 2024 à 2 milliards d'euros en février - pour atteindre 1 milliard d'euros en 2025.