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Pas plus de 30 personnes à la noce: les futurs mariés contrariés

Des alliances (photo d'illustration) - AFP - AFP
Des alliances (photo d'illustration) - AFP - AFP

Avec l'annonce mercredi de nouvelles mesures de restrictions due à la reprise de la pandémie de Covid-19, les futurs mariés n'ont plus le cœur à la noce. Alors que nombre d'entre eux ont déjà dû reporter une première fois leur union en raison du confinement, ils craignent de devoir à nouveau annuler faute de pouvoir inviter leur famille au grand complet et amis.

"Je me disais 'tout ira bien', et puis en fait pas du tout"

Ils devaient se dire oui le 4 avril dernier, date choisie par Juliette* et son fiancé pour son symbole: l'anniversaire des dix ans de leur couple. Mais la crise de la Covid-19 et le confinement ont entravé leurs plans. Les tourtereaux ont dû repousser la noce. Une nouvelle date a ainsi été arrêtée au 10 octobre, espérant que la situation sanitaire serait meilleure.

"Je m'étais remise à fond en me disant 'bon, aller, c'est pas grave, ça va le faire, le 10 octobre c'est sûr on se mariera, tout ira bien', témoigne-t-elle pour BFMTV. Et puis en fait pas du tout."

La jeune femme se dit "écœurée". Elle qui attendait une centaine d'invités va devoir revoir sa liste. Car dans les 69 départements classés en zone d'alerte, les mariages ne peuvent rassembler que 30 personnes. Et dans les zones d'alerte renforcée, les rassemblements dans les lieux publics sont limités à dix personnes, y compris pour les cérémonies à la mairie ou dans un lieu de culte. Des restrictions mises en place pour au moins deux semaines, les préfectures pouvant également localement prendre de nouveaux arrêtés plus restrictifs.

"Les cérémonies, église et mairie, se font dans l'Eure qui est un département en zone d'alerte. Le domaine se situe en Eure-et-Loire, qui est encore en zone verte. Donc on aura le couperet final: ils peuvent très bien nous annoncer le vendredi pour le samedi que le département est passé en rouge."

"Pour 30, ça n'a aucun sens de louer un château"

Benjamin* est dans la même situation. Le jeune homme a déjà lui aussi reporté son mariage. Lui qui devait dire "oui" à sa compagne le 13 juin dernier avait préféré reporter la noce au 31 octobre, estimant alors que le contexte serait plus sûr à l'automne. Mais son mariage doit se tenir entre l'Isère et la Loire, deux départements en zone d'alerte renforcée. "Pour le moment, on ne sait pas, on est dans le flou total", regrette-t-il pour BFMTV.com. Quelque 240 personnes étaient invitées à la noce. S'il a réussi à réduire la liste à une centaine de noms, il n'envisage pas de se marier à 30.

"On autorise des rassemblements à 1000 personnes pour les grands événements mais on ne pourrait pas se marier à l'église à plus de dix? Ce n'est pas logique. Ce mariage m'a déjà coûté 25.000 euros. J'ai acheté du gel hydroalcoolique, des masques pour les invités, j'ai veillé aux distances entre les tables, j'ai tout mis en œuvre pour qu'au final on se retrouve à ne pas savoir ce qu'on pourra faire. Si je dois me marier avec 30 personnes, ça n'a aucun sens d'avoir loué un château, je pourrai aussi bien le faire chez moi."

Benjamin se dit "désespéré" mais tente de garder "la tête haute", notamment pour son fils de 3 ans - dont le costume est prêt - et sa future épouse, à qui il voulaient offrir une belle fête. "J'ai travaillé tous les week-ends pour ce mariage", ajoute le jeune homme, pompier de profession. Impossible de reporter la fête: le château est complet jusqu'en 2024.

"On l'a réservé en 2018. Ça fait deux ans qu'on le prépare, on y a mis tout notre cœur et notre argent. Si le mariage n'est pas maintenu, ça va être dur. D'autant que si on annule, ce sera de notre poche."

Gwenaëlle Sommier est wedding planner et créatrice de Mission mariage. Sur les dix unions qu'elle devait organiser cette année, une seule a été maintenue. Reporter les noces, trouver une nouvelle date, s'accorder avec les prestataires: cela représente beaucoup de travail alors que son chiffre d'affaires est en baisse. "Ça repousse aussi les rentrées d'argent", s'inquiète-t-elle pour BFMTV. Elle craint d'ailleurs une année à venir difficile. "Les futurs mariés qui pensaient se marier en 2021 deviennent plus frileux." Habituellement, en septembre, elle reçoit beaucoup de demandes. Mais pour l"instant, elle n'en a reçu aucune pour 2021.

10 personnes à l'église? "On annule"

Bernard*, qui avait déjà confié à BFMTV.com ses inquiétudes pendant le confinement pour les mariages de ses deux filles, est aujourd'hui dans les tracas. Lui et ses filles ont le cœur gros. "En plus, les robes étaient prêtes." Si sa cadette s'est résolue à repousser la noce à l'été 2021, il n'en est pas question pour son aînée.

"Elle a 38 ans, veut des enfants et n'imagine pas se marier à 40 ans, confie-t-il à BFMTV.com. En plus, du côté de sa belle famille, il y a des personnes âgées qui ne sont pas certaines de pouvoir être là l'année prochaine. Je comprends tous ses arguments."

La fête doit avoir lieu dans un château du côté de Bordeaux. En principe, 120 convives étaient attendus pour le cocktail, 90 pour le dîner. "On est bombardé de questions par les invités. On est en train de bâtir un mail pour expliquer poliment aux amis qu'ils ne pourront pas être de la partie." Sa fille a réussi à retirer 60 personnes de la liste. "Quand faut foncer, on fonce. Et puis de toute façon, certains ne venaient pas de gaieté de cœur avec la peur du virus."

Mais le problème est loin d'être réglé: le traiteur refuse de s'engager pour 30 couverts, "il dit que ce n'est pas rentable". Quant à la cérémonie à l'église, rien n'est moins sûr: il attend une réponse de l'évêché sur le nombre de personnes qui pourront être accueillies.

"Si c'est limité à 10 personnes à l'église, là, elle serait d'accord pour annuler. Il y aurait bien une possibilité de reporter le mariage à février, mais elle n'est pas emballée. Il fera froid, les journées sont plus courtes et ce ne sera pas pareil pour les photos."

Quant à sa cadette, elle se mariera tout de même civilement le 3 octobre mais en tout petit comité. "Quand vous comptez l'officier d'état civil et les mariés, il ne reste que sept places pour les parents et les témoins." Il espère que dans un an, les 120 invités pourront se réunir. Mais Bernard n'est pas optimiste. "C'est déjà ce qu'on se disait en avril."

Tous les témoins marqués d'une * ont souhaité n'être présentés que par leur prénom.

Article original publié sur BFMTV.com