26 prisonniers échangés entre la Russie et plusieurs pays occidentaux
Les États-Unis et la Russie ont procédé jeudi à leur plus grand échange de prisonniers de l'histoire post-soviétique.
Moscou a libéré Evan Gershkovich, correspondant du Wall Street Journal et Paul Whelan, ancien marine américain et responsable de la sécurité des entreprises du Michigan, dans le cadre d'un accord multinational, selon les autorités de la Turquie, où l'échange a eu lieu.
Les deux hommes, condamnés en Russie à 16 ans de prison chacun, sur la base d'accusations d'espionnage que les États-Unis et eux-mêmes jugent sans fondement, sont "en route vers des destinations situées en dehors de la Russie", a rapporté plus tôt l'agence Bloomberg.
"Je ne peux même pas commencer à décrire l'immense bonheur et le soulagement que cette nouvelle m'apporte et je sais que vous ressentirez tous la même chose", a écrit la rédactrice en chef du WSJ Emma Tucker dans un courrier adressé au personnel, qu'a pu consulter The Associated Press.
Maison blanche : "un exploit diplomatique"
Au total, 26 prisonniers ont été échangés, ils provenaient des établissements pénitentiaires de sept pays différents (États-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Bélarus), a déclaré la Turquie qui dit avoir coordonné l'opération d’échange de prisonniers "la plus importante de ces derniers temps".
Dix prisonniers, dont deux mineurs, ont été transférés en Russie, treize en Allemagne et trois aux États-Unis, ont ajouté les responsables à Ankara.
"Notre organisation a joué un rôle majeur de médiation dans cette opération d'échange, qui est la plus complète de la période récente", a déclaré service de renseignement de la Turquie (MIT).
Plusieurs personnalités ont pu bénéficier de l'accord :
Vladimir Kara-Mourza, dissident et journaliste qui possède la double nationalité russe et britannique, condamné à 25 ans de prison pour "trahison" et diffusion de "fausses informations",
Ilia Iachine, opposant russe, condamné à huit ans et demi de prison pour avoir dénoncé la guerre en Ukraine,
Alsu Kurmasheva, journaliste russo-américaine (Radio Free Europe).
L'Allemand Rico Kreigher, condamné à mort pour "terrorisme" au Bélarus, puis gracié par son dirigeant Alexandre Loukachenko, a également fait l'objet de l'échange.
La Russie, pour sa part, a pu récupérer son ancien agent Vadim Krasikov qui a été condamné à la prison à vie en Allemagne en 2021 pour avoir tué un dirigeant séparatiste tchétchène dans un parc de Berlin deux ans plus tôt, apparemment sur ordre des services de sécurité de Moscou.
Le Kremlin et la Maison Blanche ont tous deux refusé de faire des commentaires dans un premier temps. Plus tard, Joe Biden a qualifié l'accord d'"exploit diplomatique", rapporte AP.
Le site de suivi des vols Flightradar24 a montré qu'un avion spécial du gouvernement russe, utilisé pour un précédent échange de prisonniers entre les États-Unis et la Russie, avait quitté Moscou pour se rendre dans l'enclave russe de Kaliningrad, à la frontière de la Pologne et de la Lituanie, avant de retourner dans la capitale russe.
Plus tôt, la chaîne de télévision américaine Fox News a rapporté que le journaliste du Wall Street Journal avait déjà été gracié en vue d'un échange. Selon le média russe Important Stories, au total, le chef du Kremlin avait signé sept décrets secrets.