2022 ou 2027: les ambitions présidentielles d'Edouard Philippe

L'ancien Premier ministre et maire du Havre Edouard Philippe sur le plateau de la chaîne France 2, le 4 avril 2021 à Paris - THOMAS COEX © 2019 AFP
L'ancien Premier ministre et maire du Havre Edouard Philippe sur le plateau de la chaîne France 2, le 4 avril 2021 à Paris - THOMAS COEX © 2019 AFP

Edouard Philippe, un futur adversaire pour Emmanuel Macron en 2022? La question est ouverte. Reçu mardi par Richard Ferrand à l'Assemblée nationale, le maire du Havre organise en tout cas la suite, comme le raconte un livre, La vérité sur Edouard Philippe, signé par le journaliste Tugdual Denis.

"Il entretient une sorte de flou qui ne doit pas masquer sa détermination. Il ne dit jamais qu'il veut y aller frontalement contre Emmanuel Macron mais en cas d'événement tragique, de saison deux des gilets jaunes, de la crise sanitaire qui s'aggrave... Il se dit qu'il peut être le plan B du système", explique à BFTMV.com le directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles.

Une loyauté qui se discute

Officiellement, aucun proche de l'ancien locataire de Matignon ne souhaite sa candidature contre Emmanuel Macron.

"Il n'y a aucun doute sur son soutien et sa loyauté au président de la République", insiste ainsi la députée européenne Fabienne Keller, devenue l'une de ses proches quand ils faisaient ensemble la campagne d'Alain Juppé.

En off, le ton est un peu différent. "Évidemment que s'il peut y aller, il n'hésitera pas un instant", confie l'un des élus locaux qui gravitent autour de la galaxie.

Mais Edouard Philippe veille pour l'instant à ne pas froisser le président. À l'Élysée, raconte Le Parisien, on voit même dans son probable appel à voter Macron un temps fort de la campagne.

C'est pour la même raison que l'élu havrais se voit bien rallier la "maison commune" qu'aimeraient lancer les proches d'Emmanuel Macron. Elle permettrait de réunir dans une sorte de grand mouvement La République en marche, Agir, le MoDem et le futur parti que devrait lancer Edouard Philippe le 8 octobre.

Un parti et un groupe parlementaire

"On fait le constat que ni LaREM ni LR ne fonctionnent comme des structures politiques dignes de ce nom. Pour reconstruire quelque chose de puissant, il faut partir sur du neuf", explique Arnaud Péricard, l'un des organisateurs de la rencontre entre Edouard Philippe et une quarantaine de maires LR fin août à Fontenaibleau.

Reconstruire mais aussi ne pas se fâcher avec les électeurs plus à droite que ceux de LaREM.

"Se confier à un journaliste de Valeurs actuelles est intéressant. Cela veut dire qu'il veut parler à toutes les droites, pas seulement aux électeurs de l'UDI et du MoDem", confie un proche.

"Finalement, Edouard Philippe essaie de faire ce qu'avait fait Alain Juppé au tout début de sa campagne en parlant aux Inrocks pour élargir son assise, y compris à gauche. Il essaie, lui, de rassembler largement à droite", juge également Fabienne Keller.

Etre dans un coin de la tête des Français

Avoir son propre parti qui vise large pour ensuite présenter des candidats aux législatives et constituer un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, couplé à un vivier d'élus locaux puissants...

Autant d'éléments qui permettraient d'avoir une assise solide pour préparer 2027 avec une stratégie claire, directement inspirée de celle de Jacques Chirac. En 1976, le futur président quitte Matignon et crée le RPR quelques mois plus tard.

"Il a créé une relation très particulière avec eux, presque en direct, au début du Covid", juge Tugdual Denis. Pour l'entretenir, Edouard Philippe travaille son image après des médias. Il sera dans "Sept à huit" sur TF1 dimanche soir prochain pour un portrait intimiste.

Deux ans après sa création, le RPR devenait en 1978 le 2ème groupe au Palais Bourbon. De quoi donner des forces à Edouard Philippe en attendant la présidentielle de 2027. Sans Emmanuel Macron dans le paysage cette fois-ci.

Article original publié sur BFMTV.com