Il y a 20 ans, cette série inventait un style d’humour qui a marqué toute une génération
C'était le 3 janvier 2005, à 19h35. La série Caméra Café s'était arrêtée, et M6 lançait un nouveau format court de 3 minutes 25 générique compris) pour faire rire les téléspectateurs. Trois coups de cor ont retenti, et le premier épisode de Kaamelott a commencé.
Revoir aujourd'hui cet épisode intitulé Heat - l'un des films préférés d'Alexandre Astier - fait immédiatement remarquer que le ton de l'ensemble de la série est déjà là. Que l'on trouve cela drôle ou non, car la série a ses détracteurs, il faut reconnaître que l'on n'avait jamais entendu cela à la télévision, qui plus est dans un format court sur une chaîne hertzienne.
Ce qui a marché
Le cœur de l'épisode voit Perceval, Léodagan et le roi Arthur affronter des ennemis (non nommés). Cachés derrière des troncs d'arbres, ils discutent de la marche à suivre pour se débarrasser de leurs adversaires et se sortir de cette délicate situation. Perceval brille par son inaptitude à la moindre tactique viable et met même ses compagnons en danger et provoque la rogne du roi.
L'intro et la conclusion de l'épisode présentent Karadoc et Bohort discutant eux aussi tactique et cris d'animaux. Aucun personnage n'est nommé, le sketch repose sur le texte, le rythme et l'interprétation des acteurs. "Cons", "plantés comme des radis", "être marron", "en plein dans leur tronche", "caillasse" ou encore "en plein dans sa mouille" et "ils sont pinés", le vocabulaire est argotique et imagé comme du Michel Audiard, et le public adhère.
Une série omniprésente
Cette série d'époque parfois teintée de fantastique (la dame du lac, Excalibur, la "magie" de Merlin) trouve donc son public alors même qu'elle tranche radicalement avec ce que la concurrence diffuse au même horaire et même avec le précédent programme de M6, qui traitait de la vie en entreprise.
Dès le 15 janvier 2005, M6 se met à diffuser les épisodes inédits non plus à l'unité mais 6 par 6. Plus tard dans l'année, la chaîne rediffuse des épisodes par série de 8, soit 24 minutes de programme environ. Cette diffusion quasi en boucle tout au long de l'année pendant des années fera beaucoup pour la popularité de Kaamelott. A partir de 2009, la série passe aussi sur W9 (du groupe M6) et là encore, les téléspectateurs revoient la série, parfois lors de soirées spéciales avec pas moins de 70 épisodes à la suite !
Conséquence : une génération grandit en voyant et revoyant les épisodes et en apprenant les répliques par cœur, comme celle de leurs parents avait apprécié celles des films du Splendid. De ce fait, la fanbase de Kaamelott de cette époque est souvent caricaturée comme ne s'exprimant que par références à la série, ce qui n'est parfois pas non plus totalement infondé.
En 2025, après 6 saisons et 20 ans écoulés depuis sa création, la série amorce sa conclusion au cinéma. Après un Premier volet ayant dépassé le million d'entrées, preuve que les fans se sont déplacés au cinéma 12 ans après la fin de la série pour en connaître la suite. Alexandre Astier prépare d'ailleurs actuellement le Deuxième volet, qui sera diffusé en deux parties, avec la première déjà calée au 22 octobre 2025.
Pourquoi trois coups devant chaque épisode ? Il y a une raison !
"Je pense que ce signal-là était fait pour plonger les gens dans un autre monde", nous avait confié Alexandre Astier à propos des coups de cor introduisant chaque épisode. "De façon très courte, parce que j'avais 4 minutes en tout, mais il y avait un côté comme ça : 'Maintenant c'est à nous de parler ! On va parler comme chez nous, ça ne ressemble pas à avant, c'est pas un truc de plus.' On va faire une petite parenthèse de Kaamelott à la télévision, et ça commence comme ça, avec un truc très marqué".
"Dans cette espèce de guerre que se menaient les émissions à l'époque", poursuit-il, "où il y en avait un million en même temps, avec de la météo, ou la fin des infos, ça m'a intéressé, premièrement, d'appeler les gens à leur télé. (...) C'est une manière de dire 'C'est maintenant !', assez fort dans le poste."
Et ça marché !