Publicité

18 ans après le double meurtre de Vernou-sur-Brenne, la justice rouvre le dossier

18 ans après le double meurtre de Vernou-sur-Brenne, la justice rouvre le dossier

Qui s'en est pris à Robert Drouvin et Marianne Kubala? Qui aurait pu en vouloir à ce couple d'octogénaires sans histoire installé depuis quelques années à Vernou-sur-Brenne? Depuis 18 ans, la question revient très souvent à l'esprit des habitants de cette petite commune de 2700 habitants en Indre-et-Loire. La justice rouvre le dossier pour tenter d'élucider cette affaire.

"L'affaire Drouvin-Kubala, c'est un véritable Cluedo, c'est une affaire avec plusieurs pistes", résume Me Marc Morin, avocat d'un homme mis en cause à un moment dans ce dossier.

Le 9 août 2004, la femme de ménage de Robert Drouvin, 84 ans, et Marianne Kubala, 83 ans, découvre les deux corps. Lui a eu le crâne défoncé par un objet contondant. Elle est masquée par un tas de bois, elle est morte de suffocation. Autour de ces morts, de nombreux mystères.

Aucune effraction

Le jour de la découverte des corps, le portail de la résidence du couple, à l'écart de la ville, était ouvert. Il n'avait pas été forcé. Rien d'habituel pour ces retraités qui vivent habituellement retranchés. Robert Drouvin était d'ailleurs obsédé par la sécurité. De nombreuses pancartes "Interdiction d'entrer" étaient affichées autour du jardin. Un mirador, pour observer la faune disait-il, mais aussi un système de sécurité et de nombreuses alarmes étaient installés tout autour de la propriété de neuf hectares.

Les enquêteurs ont rapidement évacué la piste d'un rôdeur ou d'un cambriolage qui a mal tourné. Aucune effraction, aucun vol n'a été constaté dans la maison. Idem pour le suicide. On sait que Robert Drouvin était en conflit avec les chasseurs du coin auxquels il interdisait de chasser sur ses terres. Lui fréquentait les chasses privées, mais détestait les braconniers. Les investigations ont porté sur cette piste, en vain.

Les regards se sont alors tournés vers l'entourage du couple. Robert Drouvin, issu d'une famille bourgeoise installée dans le Nord de la France, s'était installé en Indre-et-Loire après avoir quitté femme et enfants en 1962 pour l'ex-gouvernante Marianne Kubala. Un temps suspecté, le fils de la victime avait finalement été mis hors de cause. Un voisin a un temps été dans le viseur, il était semble-t-il en conflit avec Drouvin, ex-ingénieur GDF à la retraite depuis 1975, pour une histoire de brevet technologique.

Plusieurs pistes exploitées

L'homme s'était d'ailleurs mis en situation délicate lors de ses auditions par les gendarmes, revenant sur la disposition des corps lors de la découverte. Des éléments qui n'étaient connus que du meurtrier. Plusieurs mois plus tard, une voyante s'était présentée à la gendarmerie affirmant que l'un de ses clients s'était attribué les crimes. Le client n'était autre que le voisin, qui faute d'éléments probants n'a jamais été inquiété.

L'arme du crime n'a jamais été retrouvée, la mort de Marianne Kubala reste elle aussi mystérieuse. Si l'autopsie a conclu à une mort par suffocation, son corps ne présentait aucune trace de strangulation ou d'étouffement. C'est comme si elle était morte de peur. L'empreinte d'une semelle découverte dans la maison du couple n'a pas pu permettre d'orienter l'enquête. Seulement six paires de la chaussure à laquelle cette empreinte appartenait ont été vendues en France, dont une sur un marché d'Amboise, à quelques kilomètres de Vernou. Mais l'acheteur avait payé en liquide.

De plus, de nombreuses traces d'ADN mélangés ont été retrouvées, mais leur exploitation n'a jamais pu faire avancer l'enquête.

"À Vernou-sur-Brenne, cette affaire est dans toutes les têtes, rapporte Me Marc Morin. C'est assez angoissant pour les habitants car ils ne savent pas qui est le meurtrier. Mais ils ont le sentiment que c'est quelqu'un de géographiquement ou familialement proche."

Progrès de la science

Aujourd'hui, l'affaire du double meurtre de Vernou-sur-Brenne, dont l'instruction a été clôturée en 2012, fait partie des 37 dossiers sur lesquels enquête le pôle judiciaire spécialisé sur les affaire non élucidées et sériels basé à Nanterre. "Les progrès de la science vont peut-être permettre d'exploiter les ADN découverts sur la scène de crime", estime une source proche du dossier pour expliquer que ce dossier a été sélectionné par cette nouvelle juridiction.

Le dossier du meurtre de Robert Drouvin et Marianne Kubala a également cette particularité d'être une affaire sur le meurtre d'un couple. Il s'agit en effet l'un des critères retenus par le pôle spécialisé pour prioriser les affaires qu'il va traiter. Si la priorité est donnée aux affaires qui comportent une sérialité des crimes, "le critère lié au nombre de victimes pour un seul épisode" est également retenu, a fait savoir le procureur de la République de Nanterre la semaine dernière lors d'un point presse.

Article original publié sur BFMTV.com