Elle avait 17 ans, lui 47 : une autrice réécrit l’histoire de son mariage
En 1996, dans son autobiographie Half a Life [“La Moitié d’une vie”, non traduit en français], la romancière Jill Ciment racontait sa rencontre avec son futur mari, en 1970. “Elle avait 17 ans ; lui en avait 47, il était marié avec deux enfants ados”, écrit The New York Times. “Rêvant de devenir artiste, elle s’est inscrite à des cours avec Arnold Mesches, un peintre connu dont elle admirait le travail […] et un soir, après le cours, elle a attendu que les autres élèves partent puis s’est approchée de lui.”
“J’ai déboutonné les trois premiers boutons de ma blouse, traversé la pièce dont le sol était taché d’encre et l’ai embrassé”, relatait alors cette autrice reconnue aux États-Unis. Son époux, et premier lecteur, “était d’accord sur ce point clé : elle était à l’initiative du baiser”.
Pourtant, après le décès de ce dernier, en 2016, alors qu’explosait le mouvement #MeToo, Jill Ciment a envisagé son histoire différemment. En relisant Half a Life, “elle dit avoir été stupéfaite par la façon dont elle avait déformé la réalité”. Le soir où leur aventure a commencé, elle était restée tard “pour demander conseil” à son professeur. “Il l’a attirée à lui et l’a embrassée.”
L’artifice de l’autobiographie
Rétrospectivement, “elle s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose de malsain dans sa conduite – un homme plus âgé, un professeur dans une position de pouvoir, profitant d’une élève”. Quelque chose qu’elle ne s’autorisait peut-être pas à penser de son vivant.
“Dans un couple, il y a cette mythologie partagée […]. Mais quand votre époux meurt, ça devient votre histoire.”
C’est ainsi qu’elle en est venue à publier une seconde autobiographie, Consent (“Le Consentement”), parue le 11 juin aux États-Unis. “Avec un détachement presque clinique, Jill Ciment débusque les manques et les erreurs factuelles de son premier ouvrage et ce faisant, elle interroge l’artifice inhérent à l’autobiographie comme forme littéraire”, écrit le New York Times.
“Parfois, elle reproduit des passages entiers de sa première autobiographie avant de raconter les mêmes événements, révélant ainsi ce qu’elle avait déformé ou omis.”
[...] Lire la suite sur Courrier international