150 ans de la République: Marine Le Pen grille la politesse à Emmanuel Macron

Marine Le Pen, le 16 juin 2020 à Dijon, lors d'une conférence de presse - PHILIPPE DESMAZES © 2019 AFP
Marine Le Pen, le 16 juin 2020 à Dijon, lors d'une conférence de presse - PHILIPPE DESMAZES © 2019 AFP

Un ton solennel pour préparer la présidentielle. Alors que la France célèbre ce vendredi 4 septembre les 150 ans de la Troisième République, Marine Le Pen prend Emmanuel Macron de court en publiant jeudi soir une vidéo où elle appelle à faire bloc face aux "tentations de sécession" et "aux forces de division et de dissolution".

"La France glisse sur les voies d'une triste relégation politique et d'un déclassement économique sans précédent", déclare notamment la présidente du Rassemblement national dans un message vidéo de trois minutes.

"Risque d'une guerre civile froide"

La candidate malheureuse à l'élection présidentielle de 2017 estime que la France "est aujourd'hui victime de l'affaissement de l'Etat, du délitement de certaines de nos institutions et de l'abdication d'élites promptes à déléguer leurs pouvoirs à des autorités y compris étrangères".

"Au moment où surgissent des revendications obscurantistes et avec l'islamisme des exigences de type théocratique, au moment où le débat est volontairement et artificiellement racialisé par des semeurs de discorde et jeteurs de haine au risque d'une guerre civile froide comme aux États-Unis. Jamais le message de notre République n'aura été si nécessaire", soutient Marine Le Pen. "Face aux forces de division et de dissolution, c'est cette idée que nous devons faire vivre, faire grandir, faire triompher", ajoute-t-elle.

Ce n'est pas la première fois que Marine Le Pen devance Emmanuel Macron. Le 14 juillet dernier, quelques heures avant le discours du Président aux forces armées, elle y avait salué le rôle "d'ultime renfort" de l'armée pendant la crise sanitaire et avait rendu hommage à chacun des militaires morts en opération.

Poser le duel pour 2022

Pour Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique de BFMTV, la présidente du Rassemblement national se présente ici comme la principale adversaire à Emmanuel Macron pour l'élection présidentielle de 2022. Tant sur la forme que sur le fond.

"Elle adopte un style très présidentiel. On se croirait dans la cour d'un bâtiment officiel et elle précède de quelques heures le discours du chef de l'Etat. On est à 20 mois de la présidentielle et elle installe déjà le duel entre elle et Emmanuel Macron", observe notre éditorialiste.

Une stratégie adoptée par Marine Le Pen pour se projeter sur l'avenir mais aussi rompre une nouvelle fois avec l'héritage de l'extrême droite.

"Elle donne un cours d'histoire en déclarant sa flamme à la Troisième République, ça ne manque pas de selquand on sait que la vieille extrême droite française n'avait cessé de se battre contre la Troisième avec le général Boulanger ou la crise du 6 février 1934", analyse Matthieu Croissandeau, avant de poursuivre: "Après avoir réhabilité l'Etat la voilà qui réhabilite aujourd'hui haut et fort les valeurs républicaines avec une idée derrière la tête: si elle est républicaine alors il n'y a plus besoin de front républicain qui lui a fait barrage au second tour en 2017."

Emmanuel Macron a pour sa part défendu au Panthéon les valeurs de la République en déclarant n'admettre "aucune aventure séparatiste".

"Il n'y aura jamais de place en France pour ceux qui, souvent au nom d'un Dieu, parfois avec l'aide de puissances étrangères, entendent imposer la loi d'un groupe", a-t-il déclaré en précisant qu'"un projet de loi de lutte contre les séparatismes sera présenté dès cet automne".

Article original publié sur BFMTV.com