11 Septembre 2001: David Pujadas raconte ces 8 heures d'antenne

11 SEPTEMBRE – C’est une date gravée dans la mémoire collective. Ce samedi 11 septembre le monde commémore les quatre attentats-suicides perpétrés sur le sol américain.

Ce jour-là sur l’antenne de France 2, David Pujadas, 36 ans, entame un direct qui durera près de 8 heures. Le HuffPost retrace avec lui le fil de ses heures où les journalistes ont reçu les images avant de connaître les faits.

15h33: prise d’antenne et incompréhension

Il est 8h46 à New York (14h46 à Paris) quand le vol AA11 d’American Airlines percute à 710 km/h la tour nord du World Trade Center. Sur France 2 au même moment, le feuilleton Commissaire Léa Sommer est diffusé comme tous les après-midi. ”À l’époque il n’y a qu’une seule chaîne d’info en continu, on n’a pas la culture du breaking News donc on attend la fin du feuilleton” se souvient le présentateur.

Si les équipes du 20 heures reçoivent rapidement les images, ce n’est que lorsqu’elles apprennent qu’il s’agit d’un avion de ligne que le directeur de l’information, Olivier Mazerolle, décide de bousculer ses programmes. “J’attendais déjà maquillé sur le plateau et j’apprends, juste avant de prendre l’antenne, qu’un deuxième avion est entré dans une deuxième tour.” À 15h33, le flash spécial débute sur France 2.

8 heures d’antenne et des images en continu

“La particularité de cet évènement, c’est qu’il arrive d’abord par l’image. Tout se déroule sous nos yeux” explique le journaliste. Arrivé depuis huit jours à la tête du JT du soir du service public après plusieurs années à officier sur la chaîne d’info en continu LCI, le présentateur a l’expérience des longs directs. “Très rapidement nous arrivons à avoir le correspondant aux États-Unis en ligne. Il a les informations des médias américains qui eux-mêmes ont les informations des officiels, tours de contrôle aérien, militaires, politiques. Et on avance petit à petit”, raconte-t-il.

Le journaliste Daniel Bilalian qui officie d’ordinaire à 13 heures prendra le relais du direct entre 17 et 20 heures. La grand-messe de France 2 durera ce soir-là trois heures et sera exclusivement consacrée aux attentats. Huit heures de direct ininterrompu durant lesquelles il ne faut pas se laisser embarquer par ces émotions. “J’avoue que quand les tours se sont effondrées j’ai réprimé un sanglot, c’était effroyable, relate le journaliste. Pour la première fois, on se figurait le massacre des hommes et des femmes qu’il y avait derrière cette image.”

Après cette journée marathon, David Pujadas rentre chez lui vers 2 heures du matin et “il se passe quelque chose de très étonnant”. Son premier réflexe est d’allumer sa télévision et de re-regarder les images qu’il a accompagnées toute la journée. “Je l‘ai fait à tête reposé comme pour me persuader qu’il s’agissait bien d’un évènement réel, tellement ces images étaient de l’univers de la fiction.”

Dans les jours qui ont suivi le 11 septembre 2001, les téléspectateurs de France 2 arrêtaient le présentateur dans la rue. “Tout le monde me racontait son 11 septembre. Bizarrement, ça a été comme un réconfort. Comme si nous avions partagé cet évènement, on partage les joies, mais là en l’occurrence c’est une peine et une émotion forte. Ça m’a aidé aussi.”

“Ah génial”, la bourde de David Pujadas

En 2001, le transfert de LCI vers la chaîne publique de David Pujadas est le plus important du mercato télévisuel. Pour sa première semaine aux commandes du 20 heures, une équipe de Canal+ suit les premiers pas du présentateur dans la rédaction. Elle filme notamment la réaction de David Pujadas quand il découvre les images.

“Ah génial”, lâche alors le journaliste de 36 ans en voyant sur un téléviseur les premières images de fumée qui s’échappait du World Trade Center. “Cette réaction elle a choqué et heureusement, elle me choque aujourd’hui”, explique-t-il 20 ans après. “Je fais le malin. Je suis jeune et je ne me sens pas légitime, j’ai besoin de m’affirmer et je joue les blasés. Évidemment, je ne sais pas que c’est un avion de ligne et je ne sais pas qu’il y a des morts”, remet-il en perspective aujourd’hui.

Le journaliste, revenu en 2017 sur LCI où il anime chaque soir à 18 heures l’émission “24H Pujadas” nous confie qu’il ne peut plus revoir les images des attentats. “Elles sont trop violentes. Nous avons eu raison de les diffuser à ce moment-là, mais on ne peut pas les regarder comme des images d’archives lambda, c’est un évènement trop effroyable.”

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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