Être en surpoids n’accroît pas le risque de décès, au contraire de l’obésité, dit cette nouvelle étude
D’autres facteurs que l’IMC devraient être pris en compte, comme la mesure du tour de taille, la densité des os et des muscles, ou encore la mesure de la répartition corporelle de l’excès de graisse.
SANTÉ - L’indice de masse corporelle (IMC) n’est pas le seul indicateur à prendre en compte pour évaluer votre poids, mais il donne des pistes. Selon une nouvelle étude publiée ce mercredi 5 juillet, les personnes dont l’IMC - qui se calcule en divisant le poids (en kg) par le carré de la taille (m) - correspond à une situation de surpoids n’ont pas de risque accru de décès, contrairement aux personnes catégorisées comme obèses.
L’étude, publiée dans la revue américaine PLOS ONE, intervient dans un contexte de prise de poids des populations, à la fois dans les pays riches et plus pauvres. Aux États-Unis, plus de 70 % des adultes sont considérés comme en surpoids ou obèses.
Selon les auteurs de ces travaux, Aayush Visaria et Soko Setoguchi, de l’université Rutgers dans le New Jersey, ces résultats montrent que d’autres indicateurs, comme la mesure de la répartition corporelle de l’excès de graisse, donnent davantage d’informations sur l’état de santé d’un individu.
L’IMC, un outil limité
Quoique très utilisé dans le monde médical, l’IMC est de plus en plus considéré comme un outil limité pour évaluer l’état de santé d’une personne. « Je pense que ce que les gens devraient en tirer est que l’IMC seul n’est pas un très bon indicateur de santé », a dit à l’AFP Aayush Visaria.
Cette mesure « a son utilité » car elle est « très simple à calculer et très accessible », mais d’autres facteurs devraient être pris en compte, comme la mesure du tour de taille ou la densité des os et des muscles, poursuit-il.
Le surpoids reste associé à des maladies comme le diabète ou des maladies cardiovasculaires, souligne le chercheur. Mais « j’ai vu des gens avec des IMC similaires et des conséquences très différentes pour leur santé ».
Pour parvenir à ces conclusions, l’étude a analysé les données de 550 000 adultes américains ayant répondu à une vaste enquête de santé entre 1999 et 2018, ainsi qu’une base de données de 2019 sur les décès. Plus de 75 000 personnes sont décédées durant la période étudiée. Des informations ont également été récoltées sur l’IMC des participants, ainsi que sur d’autres facteurs comme l’exercice physique, le tabagisme, d’éventuelles maladies chroniques ou encore la couverture santé.
Meilleure prise en charge
Les résultats ont montré que les personnes ayant un IMC entre 25 et 30, les plaçant dans la catégorie des personnes en surpoids, ne présentaient pas de risque de décès accru comparé à celles ayant un IMC entre 22,5 et moins de 25.
Toutefois, le risque de décès grimpait significativement au moment de comparer les personnes ayant un IMC inférieur à 20 et celles dont l’IMC était égal ou supérieur à 30, celles qui sont catégorisées comme obèses.
Ainsi, quelqu’un souffrant d’obésité massive (IMC de 40 et plus) et n’ayant jamais fumé avait deux fois plus de risque de mourir qu’un non-fumeur ayant un IMC dit « normal ». « C’est une vaste étude avec un échantillon représentatif », a commenté auprès de l’AFP George Savva, biostatisticien au Quadram Institute au Royaume-Uni.
D’autres travaux plus anciens avaient, eux, établi un lien entre surpoids et risque accru de décès. Pour expliquer ces nouveaux résultats, George Savva avance que les maladies liées au surpoids, comme un haut taux de cholestérol ou l’hypertension, sont mieux prises en charge aujourd’hui. « Donc on peut s’attendre à ce que la relation entre poids et décès change au cours du temps. »
Le lien entre mortalité et IMC « n’est peut-être plus la mesure importante, sachant que beaucoup de maladies chroniques peuvent maintenant être mieux traitées », abonde d’ailleurs Naveed Sattar, professeur à l’université de Glasgow.
Mais « on sait par ailleurs que plus le poids est élevé, plus le risque de développer des problèmes de santé augmente, comme le diabète, l’arthrose, l’hypertension, l’insuffisance rénale… », précise ce spécialiste du métabolisme. « Ces maladies nuisent à la qualité de vie des personnes et leur bonheur. Ce sont ces mesures de la ‘qualité de vie’ sur lesquelles il faut davantage nous concentrer. »
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