Publicité

« Être patronne est une manière de conquérir sa liberté » : Alexia Laroche-Joubert et d’autres numéros unes nous racontent leur métier

Alors que le monde du travail est en pleine mutation, que signifie être patronne en 2023 ? Réponse avec quatre girlboss !On l’imagine engoncée dans un tailleur sévère, assoiffée de pouvoir et d’argent. Affublée de clichés sexistes, la patronne a souvent mauvaise presse. Pourtant, son pari est celui de l’émancipation : « cette figure est en phase avec les aspirations actuelles. Être patronne, c’est être maitresse de son temps, autonome dans son travail, avoir une autorité et une légitimité professionnelle respectée par les autres. C’est être sa propre cheffe, que l’on soit manageuse, freelance ou artisane » analyse Laëtitia Vitaud, autrice de l’ouvrage « En Finir avec la Productivité » (Payot, 2022). Loin de l’image austère de la numéro une juchée sur un trône de glace, la patronne est surtout celle qui n’obéit à aucune hiérarchie et à qui on reproche de fait une certaine insubordination : « Au féminin, cela devient un gros mot, une insulte. Pourtant nous avons besoin des patronnes ! Il est primordial de réhabiliter ce terme. Quand il y a plus de diversité, les décisions sont meilleures et servent le plus grand nombre ». Avoir des hommes, des femmes, des personnes âgées et des jeunes au comex d’une entreprise, permet d’imaginer des produits inclusifs, de repérer certains problèmes sociétaux... « Les patronnes sont également essentielles dans le combat pour l’égalité : dès qu’on parle de grandes entreprises, et donc de pouvoir économique, de politique et d’argent, il y a moins de femmes. Les patronnes ont encore beaucoup de chemin à parcourir, il ne faut pas arrêter de viser ces postes » poursuit l’experte.À en croire son étymologie, rien ne destinait le mot patronne aux stéréotypes qui lui collent à la peau : « en latin, patronus implique la notion de protection. On parle de patron des arts, par exemple » rappelle Laëtitia Vitaud. Une origine qui correspond bien aux envies actuelles, telles que la volonté de protéger la planète, de s’engager pour une cause à travers son travail, de vouloir avoir un impact, de chercher du sens, selon l’experte. « D’ailleurs les études montrent que davantage de femmes disent vouloir créer ou diriger une entreprise avec un engagement sociétal fort. Et les chiffres montrent aussi que les femmes protègent mieux l’environnement, le droit social, le lien social que leurs homologues masculins ».Quelle place les patronnes occupent-elles aujourd’hui dans le monde du travail ? Rêve-t-on encore d’être numéro une ? Pour répondre à ces questions, l’autrice Élodie Andriot est allée à la rencontre de 52 cheffes d’entreprise, qui lui ont raconté leur parcours dans son ouvrage « Patronnes » (Albin Michel, 2022). « Il est essentiel de rendre les patronnes visibles, d’en faire des modèles d’identification inspirants. On ne sait pas qui elles sont. Les personnes que j’ai rencontrées ont des chemins de vie très variés et incarnent ce rôle différemment : certaines aiment la liberté que cela procure, la possibilité de travailler sur des sujets qui leur plaisent, d’avoir un vrai impact. D’autres sont attirées par l’aspect financier, ou par la possibilité d’organiser leur emploi du temps comme bon leur semble... Être patronne ce n’est pas nécessairement être acharnée de travail. Il y a mille façons d’être patronne ». Trois d’entre elles ont accepté de nous donner leur définition du métier.