Être LGBTQI en maison de retraite : “Ça n’existe pas ici, c’est un truc de jeunes”

En couverture du Standaard Weekblad, la célèbre expression d’émancipation “Out and proud” est devenue “oud en soms proud”, ce qui, en néerlandais, signifie “vieux et parfois fier”. L’hebdomadaire du journal belge De Standaard se penche dans ce numéro sur le vécu des personnes LGBTQI+ dans les maisons de retraite.

On rencontre Virginie, 90 ans, qui, à demi-mot et sous un nom d’emprunt, évoque sa vie d’enseignante, sans mariage, mais avec “des amies”.

“Je n’ai jamais voulu l’afficher. On savait ce qu’on devait taire. Ça n’existait pas, on n’avait d’ailleurs pas de mots pour ça.”

Il y a aussi Vital, 86 ans, qui a perdu il y a quelques années son grand amour, un homme marié. Lui-même a été marié pendant vingt-sept ans. “À cette époque, il n’avait encore jamais connu d’homme, relate le magazine. Ce n’est qu’à 50 ans passés, après le décès de son épouse, qu’il a fait place à qui il était vraiment.”

Tous deux décrivent leur vie en maison de retraite dans un certain isolement vis-à-vis des autres pensionnaires, sans l’attribuer pour autant à une cause précise.

Ce qui est certain, c’est que, “dans certains établissements, les résidents LGBTQI se sentent obligés de retourner dans le placard”, écrit De Standaard Weekblad.

Une vie en cachette

Le magazine a aussi discuté avec Maggy Doumen, qui copréside Rainbow Ambassadors, une association de représentation des seniors LGBTQI. Elle rapporte notamment les propos d’un directeur de maison de retraite qui expliquait qu’il n’avait aucun problème avec les différences d’orientation sexuelle, mais que “si les autres pensionnaires savaient que Monsieur P. est homo, personne n’irait s’asseoir à sa table”. On entend aussi souvent : “Ça n’existe pas ici, c’est un truc de jeunes.”

Pour Maggy Doumen, c’est avant tout une question de méconnaissance :

“Les gens de 70, 80 ans ont grandi à une époque où la sexualité, l’intimité et les relations étaient taboues, et a fortiori l’homosexualité et la transidentité. On savait que ça existait mais c’était interdit, cela se vivait en cachette.”

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