Pour éviter la censure, Michel Barnier cède à une exigence de Marine Le Pen sur l’électricité

Ce recul budgétaire figurait en bonne place dans les exigences du groupe RN à l’Assemblée nationale. Suffisant pour éviter au Premier ministre de prendre la porte ?

Michel Barnier photographié en marge de son passage sur France 2 le 3 octobre (Photo by Thomas SAMSON / AFP)

POLITIQUE - Michel Barnier est-il en train d’acheter son sursis à Matignon ? Ce jeudi 28 novembre, le Premier ministre annonce dans Le Figaro qu’il renonce à la hausse des taxes sur l’électricité, qui était initialement prévue dans le budget 2025. Une concession qui figurait dans la liste de courses présentée par Marine Le Pen au chef du gouvernement, la cheffe de file du RN menaçant ouvertement l’exécutif de censure s’il ne revoyait pas sa copie budgétaire.

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« J’ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l’électricité dans le projet de loi de finances 2025. Cela permettra une baisse des prix de l’électricité de 14 %, qui ira donc bien au-delà de la baisse de 9 % % prévue initialement », fait valoir Michel Barnier. Tout en jurant que cette annonce n’est pas spécialement liée à la pression mise par le groupe lepéniste, mais plutôt qu’elle répond à une demande formulée par « presque tous » les chefs de l’opposition. Plus tôt dans la journée, c’est le ministre de l’Économie, Antoine Armand, qui avait annoncé le souhait de l’exécutif de faire un « geste » sur l’électricité pour éviter une censure risquant de provoquer une « tempête budgétaire ».

Concrètement : le gouvernement renonce à trois milliards d’euros. De quoi sauver le soldat Barnier ? Pas sûr. Car dans la foulée de la publication de l’article du Figaro, le groupe RN à l’Assemblée a diffusé un communiqué affirmant que la copie budgétaire du gouvernement était, encore, insuffisante.

Notamment du côté du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, qui a fait l’objet d’un accord en Commission mixte paritaire mercredi 27 novembre dans la soirée. « À cette étape de la procédure, seul le gouvernement peut modifier le texte pour intégrer les exigences du premier groupe, représentant 11 millions de Français », prévient le parti lepéniste, manifestement résolu à poursuivre son offensive.

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« Le groupe Rassemblement national invite le Premier ministre à annoncer très rapidement, qu’il renonce à l’augmentation des taxes sur l’électricité, qu’il baisse drastiquement l’AME, qu’il va négocier avec Bruxelles une baisse de la contribution de la France au budget de l’Union européenne ainsi que toutes ou parties des économies structurelles proposées par le RN », énumère le groupe présidé par Marine Le Pen.

Et cela alors que plusieurs élus lepénistes revendiquent déjà une victoire. « Voilà à quoi servent les députés du RN. Ils se mettront toujours sur la route de ceux qui veulent taper sur la tête des Français et leur faire payer 30 ans d’erreurs », a par exemple réagi Thomas Ménagé, porte-parole du groupe RN. Or, si Michel Barnier a bien bougé concernant les taxes sur l’électricité, il est difficile d’imaginer à ce stade qu’il accède à toutes les demandes formulées par le groupe d’extrême droite. Reste à savoir si cela poussera Marine Le Pen et ses troupes pour voter une motion de censure, et donc à renverser le gouvernement.

De l’autre côté de l’échiquier politique en tout cas, ce renoncement de Michel Barnier face à l’extrême droite est déjà vu comme une manœuvre désespérée pour rester à Matignon. Clémence Guetté, vice-présidente LFI à l’Assemblée nationale, a ainsi dénoncé sur BFMTV un geste visant à « s’acheter la clémence et la mansuétude de l’extrême droite ».

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