Les évangéliques prennent le pouvoir

Une prière collective, un cierge qui passe de main en main, un chant pour louer Dieu et son œuvre… La stupéfiante description par laquelle s’ouvre l’article de The New York Times – et notre dossier de une – n’est pas celle d’une messe, mais celle d’un meeting politique conservateur à Phoenix, dans l’Arizona. Un meeting comme il y en a de plus en plus aux États-Unis, qui mêle allègrement religion et engagement politique. Ces rassemblements très inspirés sont menés par des Églises évangéliques. Des mouvements chrétiens qui comptent désormais de 600 à 665 millions de fidèles dans le monde. Majoritairement en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Afrique subsaharienne. Mais c’est aux États-Unis et au Brésil qu’ils dominent de plus en plus la vie spirituelle et politique des citoyens, avec respectivement 92 millions et 51 millions de fidèles. Et c’est dans ces deux pays que se passent les deux reportages que nous avons choisi de mettre en avant dans notre dossier de la semaine.

Leurs points communs ? Le premier : ils montrent la puissance de persuasion de ces Églises. Dans ces deux pays, les évangéliques convertissent vite et fort. Le second : ils décrivent leur engagement politique. Aux États-Unis, ils soutiennent la droite ultraconservatrice personnifiée par Donald Trump, “seul et vrai président des États-Unis” ; au Brésil, les actions du président en place, Jair Bolsonaro. Un soutien affiché, revendiqué, sacré ! “Lors de nombreux événements politiques se tenant dans tout le pays, il n’est pas rare que des participants disent avoir rencontré Dieu et se sentent investis d’une mission : installer le royaume de Dieu sur terre. Pour eux, le militantisme politique relève du sacré”, révèle le New York Times, qui indique plus loin : “Les chrétiens conservateurs sont de plus en plus convaincus que les États-Unis vont connaître une véritable renaissance, où changements spirituels et politiques iront de pair.”

Au Brésil, c’est toute une ville que les évangéliques se sont donné pour mission de convertir… à Bolsonaro. Guaribas, commune du sud de l’État du Piauí, où le Parti des travailleurs de Lula avait fait son meilleur score en 2018, a été investie par plusieurs pasteurs hyperactifs qui affirment que “le président est une bonne personne et qu’il ne veut que le bien”. Une campagne qui, semble-t-il, porte ses fruits, indique le site The Intercept Brasil, qui consacre une longue enquête à ce phénomène. Et là encore, les valeurs sont très à droite : “Les grandes Églises évangéliques brésiliennes, influencées par l’éthique néopentecôtiste, nourrissent des convictions en affinité avec le néolibéralisme, le conservatisme et l’autoritarisme”, indique à l’Intercept Brasil le sociologue Matheus Alexandre.

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