Les évêques français renvoient à mars leur dispositif pour les adultes victimes de violences sexuelles

Le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort, à Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, le 10 novembre 2024 (Valentine CHAPUIS)
Le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort, à Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, le 10 novembre 2024 (Valentine CHAPUIS)

Les évêques français ont renvoyé à leur prochaine réunion prévue en mars la présentation de leur dispositif destiné aux victimes de violences sexuelles à l'âge adulte, a annoncé le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Eric de Moulins-Beaufort dimanche à Lourdes.

"Si le principe est acquis, nous voyons qu'il nous reste encore du travail avant de décider des modalités de mise en œuvre", a-t-il affirmé dans son discours de clôture de l'assemblée plénière de la CEF, en assurant que "les cinq mois qui nous séparent de l’assemblée de mars nous permettront de préciser les points qui restent incertains".

Les évêques avaient acté en mars le principe d'un dispositif "d'écoute et d'orientation" pour ces victimes, qu'ils espéraient pouvoir présenter dès novembre. "Je pressens que des personnes victimes seront déçues et blessées de ce retard et je les assure de notre détermination à avancer", a affirmé Mgr de Moulins-Beaufort.

Lors de leur réunion d'automne les évêques ont "longuement débattu" de "deux voies" possibles, avec chacune "ses avantages et ses inconvénients", a-t-il ajouté, sans donner de détail.

De source proche de plusieurs évêques, il s'agirait soit d'instaurer une instance unique centralisée, soit de confier la mission à des structures sur le terrain dans les provinces ecclésiastiques.

"Nous voulons ouvrir une voie de reconnaissance et de réparation solide et durable" et que les prêtres mis en cause "assument leurs responsabilités", a assuré Mgr de Moulins-Beaufort. C’est pourquoi "le premier chemin doit être celui de la justice républicaine, s'il est possible", avec un recours également à la justice de l'Eglise.

Pour les cas où l'auteur est mort ou les faits sont prescrits, "nous ne pouvons créer un ordre juridique différent de celui de notre pays", a-t-il relevé.

Reste alors la voie de la justice restaurative mais "nous savons qu'elle n'est pas exempte de critiques" et "il nous faut être sûrs de la compétence" des personnes chargées de cette mission, a-t-il souligné.

Revenant sur les révélations d'agressions sexuelles concernant l'Abbé Pierre, Mgr de Moulins-Beaufort a souligné combien les évêques avaient été "bouleversés et déstabilisés".

Il a aussi évoqué la condamnation d'un prêtre pour des "crimes de pédophilie très graves" vendredi à Aurillac, après un autre en mai à Orléans: "une fois de plus des responsables ecclésiaux n’ont pas agi comme il aurait fallu", a-t-il déclaré, assurant que l'Eglise travaillait "pour que de telles cécités ne soient plus possibles".

Sur Notre-Dame de Paris, il a remercié les autorités "qui se sont mobilisées" pour sa réouverture le 8 décembre qui représente un "jour de lumière" pour les fidèles. "Si en plus, il s’avérait que le pape François vienne à Ajaccio la semaine suivante, comme le bruit en court, nous en recevrions une stimulation de plus", a-t-il affirmé.

Enfin, Eric de Moulins-Beaufort a estimé que "rien ne saurait justifier la prise et la détention d’otages, ni en Israël, ni en Ukraine" ni ailleurs. "Nous ne pouvons pas nous résigner à ce que des États puissants provoquent des destructions, des veuves, des orphelins, des traumatisés et des mutilés. Le Dieu d’Israël (...) ne le permet pas".

cg/ito/spi