L'étrange mort du président américain Warren G. Harding : sa femme l’a-t-elle vraiment empoisonné ?

President Warren G. Harding (Photo by Library of Congress/Corbis/VCG via Getty Images)

Huit présidents des États-Unis sont morts au cours de leur mandat. Certains, comme Abraham Lincoln, William McKinley, et John F. Kennedy, ont été assassinés. D'autres, comme Franklin Roosevelt, ont succombé à la maladie. Chacune de ces morts a provoqué un vif émoi, intensifié par le contexte spécifique de la période et des circonstances. Cependant, dans le cas de Warren G. Harding, l'absence d'autopsie et les mensonges publiés par la suite ont fait planer de terribles soupçons sur les circonstances de son décès. Des soupçons qui persistent à ce jour.

Les scandales qui ont entaché son héritage

Auréolé en son temps d'une grande popularité, Harding remporte les élections de 1920 avec la plus grande majorité obtenue à ce jour, et si des cas de mauvaise gestion, et même parfois d'abus, ont bien existé lors de son mandat, la majorité des scandales qui ont entaché son héritage n'ont éclaté qu'après sa mort.

Ainsi, selon des rumeurs, sa mort soudaine liée à des problèmes cardiaques et à d'autres complications, le 2 août 1923, alors qu'il visitait plusieurs États, serait en réalité un meurtre.

Entre juin et juillet 1923, Harding entreprend un voyage à bord du train présidentiel, l'ancêtre de l'actuel avion Air Force One, pour visiter les États de l'Ouest américain. Il part de Washington DC et visite des villes comme Saint Louis, dans le Missouri, Denver, dans le Colorado, Salt Lake City, en Utah, Helena, dans le Montana, et Spokane, dans l'État de Washington, avant d'arriver en Alaska pour la première visite présidentielle dans cet État, puis de retourner dans la région de Seattle.

Harding n'est pas en bonne santé, et malgré les traitements que ses médecins lui prescrivent, comme des laxatifs ou des stimulateurs cardiaques, cela fait des années que ces derniers le mettent en garde contre les effets néfastes de ses liaisons amoureuses sur ses problèmes cardiaques.

Une fille illégitime

Entre 1917 et 1923, Harding entretient en effet une relation avec Nan Britton, de 31 ans sa cadette, et qui donne naissance à une fille. Pendant des années, l'opinion publique s'est demandé si Elizabeth Ann Blaesing était véritablement la fille du président, jusqu'à ce qu'un test ADN confirme sa paternité en 2015.

Cinq ans après la mort de Harding, Britton publie son livre, The President’s Daughter, qui scandalise l'opinion publique de l'époque en raison de ses révélations explicites, comme ces relations sexuelles qui auraient prétendument eu lieu dans une penderie du bureau exécutif de la Maison Blanche.

L'indignation est telle qu'il est même avancé que la mort du président est liée à ses infidélités, laissant émerger l'hypothèse d'un empoisonnement par sa femme, aveuglée par la jalousie.

Britton se bat pendant des années pour que sa fille soit reconnue, se servant d'abord des révélations contenues dans son livre, puis de moyens légaux. Mais sa requête est rejetée par la Cour et elle décède en 1991, à l'âge de 94 ans, sans avoir vu son souhait se réaliser. Elizabeth Blaesing décède quant à elle en 2005, avant d'avoir eu la confirmation officielle que Harding était son père.

Le mystère est cependant résolu en 2015. Des descendants de Harding et de Blaesing acceptent de se soumettre à des analyses ADN, qui révèlent qu'Elizabeth, née en 1919, était bien la fille du président.

La nouvelle permet également d'infirmer certaines des allégations les plus scandaleuses du livre de Britton : Elizabeth est née en 1919, avant que Harding ne soit élu président en 1920. Elle n'a donc pas pu être conçue dans une penderie de la Maison Blanche, ni ailleurs dans la résidence présidentielle.

Mais la liaison a continué jusqu'à la mort du président, faisant planer des soupçons d'empoisonnement sur sa femme Florence.

Le mystère de l'absence d'autopsie

La mort de Harding est relativement soudaine : de plus en plus sujet à la douleur et à l'inconfort, et alors qu'il se trouve à San Francisco lors de sa longue tournée de 1923, on lui diagnostique une pneumonie. Finalement, après quelques jours de légère amélioration, il meurt subitement à l'âge de 58 ans.

On a d'abord dit qu'il était décédé d'une crise d'apoplexie, ou d'un autre problème cérébral, puis d'une insuffisance cardiaque. Selon certaines rumeurs, la mort du président aurait pu être due à une incompétence ou négligence médicale.

Ce qui s'est réellement passé reste en partie un mystère, la première dame ayant refusé que soit pratiquée une autopsie et demandé à ce que le corps de son mari soit rapidement embaumé.

Ces événements alimentent des rumeurs, publiées en 1930 dans un livre par Gaston Means, “un ancien fonctionnaire aigri de l'administration de Harding”. On y lit alors que Florence, la femme du président, l'a empoisonné.

Le livre rassemble également des détails concernant les scandales politiques ayant eu lieu au cours du mandat de Harding, et qui commencent alors à faire surface, et mentionne la fille illégitime du défunt président, en faisant référence à des informations déjà publiées dans le livre de Britton, ce qui rend l'hypothèse de l'empoisonnement plausible.

Cette histoire s'avère cependant fausse. Means fait face à des problèmes judiciaires et meurt en prison. On apprend qu'il n'est pas l'auteur du livre, et qu'une certaine Mae Dixon Thacker l'a écrit pour lui.

Vexée que Means n'ait pas partagé avec elle les bénéfices du livre, Thacker confesse qu'un grand nombre des révélations qu'il contient sont inventées, notamment l'histoire de l'empoisonnement.

Cependant, la rumeur qui veut qu'Elizabeth Blaesing soit la fille illégitime de Harding se révèle finalement vraie, et bien des années plus tard, des analyses génétiques donnent raison à sa mère Nan Britton, la maîtresse de Harding.

Même si elle était fausse, la légende selon laquelle Harding aurait été empoisonné par son épouse, bafouée par ses infidélités, a persisté, et dans une certaine mesure, c'est l’anecdote que beaucoup associent au 29e président des États-Unis. Quoi qu'il en soit, au-delà de ce que les gens pensaient de lui de son vivant, Harding demeure aujourd'hui l'un des présidents les moins bien classés et les plus méconnus de toute l'histoire des États-Unis.

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