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"Sous les étoiles de Paris": comment Catherine Frot s'est métamorphosée pour jouer une sans-abri

Catherine Frot dans
Catherine Frot dans

Après Qui m'aime me suive! (2019), où elle apparaît nue pour la première fois de sa carrière, Catherine Frot continue de "casser" son image dans Sous les étoiles de Paris, son nouveau film en salles ce mercredi 28 octobre. La comédienne y réalise sa transformation la plus radicale à ce jour. La comédienne césarisée en 2016 pour Marguerite se débarrasse de ses tics pour incarner une femme sans-abri qui vient en aide à un jeune garçon séparé de sa famille.

"Oh, j’espère ne pas avoir trop de tics", modère l'actrice, "et j’ai régulièrement joué dans quelques films, et surtout quelques pièces de théâtre, à grande dimension tragique, que ce soit La Tourneuse de pages ou Vipère au poing… Ce n’est pas tout à fait nouveau pour moi. On me connaît un peu mieux sur les comédies, mais ça fait partie de mon apprentissage d’actrice de jouer régulièrement des choses différentes."

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"J'aime bien Mylène Farmer qu’on ne voit jamais parler"

Dans Sous les étoiles de Paris, Catherine Frot se montre sous un jour inédit: cheveux mal coiffés, dos courbé comme Quasimodo, visage caché derrière une capuche, voix cassée... l'actrice s'est complètement métamorphosée pour jouer ce personnage "si rare en fiction", déplore-t-elle. Mais comment se mettre dans la peau de quelqu’un qui n’a rien quand on est une star aussi populaire que Catherine Frot?

"Je ne me pose pas cette question. Quand je travaille, je travaille", répond-t-elle. "J’ai envie de me surprendre. J’ai toujours aimé me cacher derrière mes personnages. Je n’ai jamais aimé me mettre en avant et pourtant je m’y mets quand même car je travaille beaucoup. J’aime bien Mylène Farmer qu’on ne voit jamais parler. C’est un modèle"

Celle qui jouait la bourgeoise dans Boudu sauvé des eaux face à un Depardieu en clochard céleste apprécie de pouvoir enfin jouer "une espèce d’être hallucinant, un peu fou, un peu étrange, complètement isolé et qui vient de la misère." Elle s'est amusée avec sa voix, qu'elle a tordue pour l'occasion: "Au début, elle ne parle pas, elle n’a plus de voix. Petit à petit, on entend des grognements. On a la sensation que c'est une sorcière. J’aime bien cette idée de transformation totale."

"De temps en temps, je n'ai plus envie de jouer"

Pour composer son personnage, elle s'est plongée dans l'imaginaire du XIXème siècle: "Je suis m’inspiré des gravures de certains livres anciens, comme Les Mystères de Paris d’Eugène Sue. Il y en a certaines qui montrent des personnages de cette sorte. Dans ce film qui est comme un conte, je me suis amusée à fabriquer une silhouette de mendiante comme Honoré Daumier et Gustave Doré en dessinaient."

Âgée de 63 ans, la comédienne n'a plus rien à prouver et se laisse souvent surprendre par l'envie de tout plaquer. Jouer dans Sous les étoiles de Paris lui permet de relancer son désir de cinéma: "Oui, il m’arrive de temps en temps de ne plus avoir envie [de jouer], de perdre le sens. Pour moi, ce métier tient à une forme de jubilation, à une envie de partage avec le public."

C'est pour cette raison qu'elle a contacté Claus Drexel, auteur d'Au bord du monde, documentaire acclamé par la critique qui explore le monde des sans-abris la nuit à Paris. "C’est une façon de me rapprocher de l’actualité, de m’y intéresser, et puis de la jouer." Son prochain film, Des Hommes, en salles le 11 novembre, évoquera aussi un sujet de société brûlant: la manière dont la Guerre d'Algérie continue soixante ans après de hanter la France.

Article original publié sur BFMTV.com