Éthiopie : « la souveraineté du pays est en jeu »

24 heures après l'ordre donné à l'armée fédérale par le Premier ministre Abiy Ahmed, il n'était pas possible de savoir si l'offensive contre Mekele avait effectivement commencé.
24 heures après l'ordre donné à l'armée fédérale par le Premier ministre Abiy Ahmed, il n'était pas possible de savoir si l'offensive contre Mekele avait effectivement commencé.

Le 11 octobre 2019, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed recevait le prix Nobel de la paix, « pour ses efforts en faveur de la paix et de la coopération internationale, et en particulier pour son initiative décisive visant à résoudre le conflit frontalier avec l'Érythrée voisin ». Un peu plus d'an plus tard, l'espoir a fait place au désarroi. Depuis le 4 novembre et l'attaque contre des bases des Forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) à Mekele, la capitale du Tigré, et à Dansha, une ville de l'ouest de la région, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et les autorités fédérales se livrent une guerre sans merci. Aucune négociation, aucun appel au calme ne semble arrêter l'escalade de violences dans laquelle sont lancées les deux parties. Et pourtant ses conséquences sur la population sont désastreuses : selon le HCR, déjà plus de 33 000 personnes ont fui au Soudan depuis le 9 novembre.

Après un ultimatum de 72 heures lancé le 22 novembre, le Premier ministre, devenu chef de guerre, a finalement ordonné, quatre jours plus tard, l'offensive « finale » contre Mekele, faisant craindre aux observateurs et aux populations un nouveau bain de sang dans le pays. Comment l'Éthiopie, dont l'arrivée au pouvoir d'Abiy Ahmed en 2018 avait bouleversé le paysage politique, en est arrivée là ? Et quelles seront les conséquences du conflit pour le pays et pour la région ? Yohannes Gedamu, maître de conférences en sciences politiques au Georgia Gwinnett [...] Lire la suite