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États-Unis: le vote par correspondance s'impose pour l'élection présidentielle, malgré les hics

Des bulletins de vote par correspondance à Charlotte (Caroline du Nord) le 4 septembre 2020
 - Logan Cyrus © 2019 AFP
Des bulletins de vote par correspondance à Charlotte (Caroline du Nord) le 4 septembre 2020 - Logan Cyrus © 2019 AFP

En raison de la crise du coronavirus et afin d'empêcher les rassemblements dans les bureaux de vote, le vote par correspondance sera utilisé par plusieurs millions d'Américains. Pourtant, de nombreux contretemps et polémiques viennent envelopper ce type de scrutin.

Récemment, des dizaines de milliers de bulletins de vote dans les Etats de l'Ohio et de New York affichant des noms erronés de candidats ou d'électeurs ont été retrouvés, d'autres bulletins ont fini à la poubelle en Pennsylvanie et ont provoqué des dizaines d'actions lancées en justice.

Donald Trump n'a pourtant de cesse d'avertir que l'envoi postal de ces bulletins de vote causera "des fraudes d'une ampleur inédite".

"Hors de contrôle. Une élection truquée!!!", a-t-il encore tweeté vendredi, après avoir lu que des mauvais bulletins avaient été postés à 50.000 habitants de la ville de Columbus, dans l'Ohio, un Etat crucial pour Trump s'il veut rester à la Maison Blanche.

Erreurs identifiées?

Pourtant, déjà plus de dix millions d'Américains ont voté à la présidentielle du 3 novembre, par courrier ou vote anticipé et, de l'avis des experts, les choses se passent pour l'instant de façon équitable.

"Les erreurs d'exécution sont inévitables tout au long du processus", admet Kevin Kosar, un expert en politique de l'American Enterprise Institute. "La bonne nouvelle, c'est que ces erreurs sont identifiées rapidement."

D'autres spécialistes affirment que le vote par correspondance a fait la preuve de sa sûreté dans le système électoral américain depuis des années.

En septembre, le directeur de la police fédérale américaine (FBI), Christopher Wray, s'était voulu rassurant en déposant devant une commission sénatoriale: "Nous n'avons jamais été témoins, au cours de l'histoire, d'une action coordonnée de fraude électorale lors d'une élection majeure, que ce soit par courrier ou autrement."

Primaires chaotiques

Près de 75 millions de bulletins de vote par voie postale ont été commandés ou envoyés jusqu'à aujourd'hui pour la présidentielle 2020, plus du double des 33 millions de 2016.

Mais les accrocs, les retards d'impression et d'envoi, les erreurs d'aiguillage et les témoignages de personnes ayant reçu plus d'un bulletin ont jeté une ombre sur le système. Et les inquiétudes sont renforcées par l'expérience chaotique de certaines primaires plus tôt cette année, notamment dans les Etats de New York et du Wisconsin.

Dans ces deux Etats, des dizaines de milliers d'électeurs n'ont pas reçu les précieux bulletins, ou les ont reçus trop tard pour voter. Les services postaux n'ont par ailleurs pas compostés des milliers d'enveloppes, ces cachets censés prouver la validité du vote.

L'ampleur des faux pas est exagérée en raison de la "haute sensibilité" de l'élection de 2020, estime Amber McReynolds, responsable du National Vote At Home Institute. Les erreurs "ne sont pas répandues", assure-t-elle, en précisant que "l'élection parfaite n'existe pas."

"Je pense qu'en fait il y a davantage de problèmes avec le vote en personne", poursuit-elle, en évoquant les longues queues devant les bureaux de vote et les pannes de machines, un souci récurrent dans les scrutins aux Etats-Unis.

Actions en justice à prévoir

Et de nouveaux problèmessont à prévoir d'ici le 3 novembre prochain. Toujours selon amber McReynolds, trois Etats-clés susceptibles de décider du résultat du scrutin --le Wisconsin, la Pennsylvanie et le Michigan-- n'ont pas prévu suffisamment de temps pour dépouiller, vérifier et compter les millions de bulletins par correspondance qu'ils auront à traiter.

Kevin Kosar se dit lui préoccupé par les centaines d'actions en justice à prévoir. Les alliés de Donald Trump ont tenté de limiter les possibilités de vote par correspondance, les études montrant que cette façon de voter était davantage prisée par les démocrates que par les républicains.

En Caroline du Sud, des juristes républicains ont ainsi obtenu d'un juge l'obligation que l'enveloppe du bulletin de vote soit signée par des témoins, en plus de l'électeur.

Au final, la question des bulletins invalidés pourrait se révéler cruciale. L'élection présidentielle de 2000 avait été marquée par un incroyable imbroglio en Floride, finalement tranché par la Cour suprême en faveur de George Bush au détriment d'Al Gore. Un recompte avait été écarté par les juges, qui avaient laissé à Bush son avance de... 537 voix.

Article original publié sur BFMTV.com