États-Unis : Kamala Harris, qui possède une arme, assure qu’elle tirerait sur un cambrioleur
Durant une soirée télévisée avec Oprah Winfrey, la candidate démocrate a illustré une nouvelle fois le malaise qui entoure ses positions sur la régulation des armes à feu.
Les sorties controversées sur les armes à feu sont généralement du côté de son rival républicain. Entourée de stars comme Jennifer Lopez, Meryl Streep, Julia Roberts, Ben Stiller ou Chris Rock, toutes réunies à l’initiative de la papesse de la télévision américaine Oprah Winfrey, Kamala Harris a fait lever quelques sourcils lors d’une sortie, prononcée en étant hilare, sur le fait de posséder une arme. Et d’être prête à s’en servir instamment en cas de cambriolage.
Ce jeudi 19 septembre, Oprah Winfrey avait en effet sorti le grand jeu pour la vice-présidente américaine et candidate démocrate à la présidentielle contre Donald Trump. Une soirée de soutien organisée dans le Michigan qui était d’ailleurs retransmise en direct en ligne sur de multiples plateformes, et donc suivie par un grand nombre d’électeurs en prévision du 5 novembre.
Harris fait grincer des dents
Entièrement acquise à la cause de Kamala Harris, cette soirée a toutefois été marquée par un couac venu de la candidate elle-même. La démocrate de 59 ans a répondu à une série de questions posées de façon très favorable par Oprah Winfrey sur des thèmes comme l’immigration, le coût de la vie ou l’avortement. Jusqu’à ce que l’ambiance change quelque peu après une séquence émouvante, où la candidate a serré dans ses bras une lycéenne grièvement blessée par balles dans la fusillade qui a touché son lycée le 4 septembre, près d’Atlanta, faisant quatre morts.
Car peu de temps après ce moment permettant d’aborder la question de la régulation des armes à feu aux États-Unis, Kamala Harris a provoqué un malaise palpable au moment d’expliquer qu’elle possédait elle-même une arme. « Si quelqu’un force l’entrée de mon domicile, il se fera tirer dessus », a-t-elle lancé en riant aux éclats, avant de se reprendre, toujours hilare : « Je n’aurais probablement pas dû dire cela… Mon équipe va devoir gérer. »
Kamala Harris: “If somebody breaks into my house, they're getting shot. Probably should not have said that.” pic.twitter.com/hlpGKUZAik
— philip lewis (@Phil_Lewis_) September 20, 2024
« Je n’essaie pas de confisquer les armes à tout le monde », a-t-elle ajouté ensuite. Pourtant, difficile de ne pas percevoir le malaise, notamment derrière les deux femmes, où plusieurs membres du public ne semblent pas avoir du tout envie de rire.
Si la déclaration peut sembler curieuse, alors que Donald Trump affirmait au sujet de sa rivale lors du débat contre Kamala Harris « qu’elle confisquerait les armes de tout le monde », la vice-présidente américaine est loin d’être opposée aux armes à feu. Elle s’était d’ailleurs défendue de cette attaque du milliardaire américain en affirmant qu’elle en possédait une, tout comme son colistier Tim Walz, grand passionné de chasse.
Une motivation compréhensible
Le fait que Kamala Harris et son colistier aient une arme avait déjà fait réagir après le débat télévisé du 10 septembre. Pourtant l’information n’est pas nouvelle puisque la candidate à la Maison Blanche a régulièrement évoqué ce sujet, sans le moindre tabou. « Je possède une arme à feu, et je possède une arme à feu probablement pour la même raison que beaucoup de gens : pour ma sécurité personnelle », avait-elle exprimé lors d’un événement de campagne en 2019, rappelle à juste titre le média américain Vox.
Au-delà de cet argument classique (outre-Atlantique du moins) de sécurité, Kamala Harris avançait un argument : sa carrière de magistrate. Avant de devenir sénatrice en 2017, la désormais remplaçante de Joe Biden comme candidate démocrate a exercé six ans en tant que procureure du district de San Francisco, puis six de plus en tant que procureure générale de Californie. Des postes à haut risque dans le domaine judiciaire, qui peuvent faire planer une certaine inquiétude sur le plan sécuritaire. Notamment du fait de possibles actes de vengeances.
Malgré ces explications, le port d’arme de Kamala Harris en interroge plus d’un, du fait de son statut de femme noire, originaire de Californie − un État libéral qui a renforcé sa politique de contrôle des armes à feu − prônant des idées progressistes, généralement moins favorables à la libre circulation des armes sur le sol américain que celles des conservateurs.
Revirements
Toutefois, Kamala Harris est loin d’être pro-armes de la même manière que son rival Donald Trump. Par le passé, elle s’est régulièrement positionnée en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. La BBC souligne d’ailleurs que quelques jours avant le débat du 10 septembre, elle avait réaffirmé sa volonté d’adopter « une interdiction des armes de guerre et des vérifications universelles des antécédents ». Elle s’est également montrée favorable aux lois permettant de demander à un juge de confisquer l’arme d’une autre personne considérée comme présentant un risque pour elle-même ou les autres.
Mais Kamala Harris n’est pas à une incohérence près. Et a déjà changé d’avis sur certaines thématiques comme le rachat des licences d’armes à feu, mesure qu’elle soutenait encore en 2019 et 2020, avant de finalement se raviser, comme l’a d’ailleurs souligné la présentatrice Linsey Davis lors de la récente joute verbale entre Trump et Harris.
Cette mesure, déjà mise en place en Australie avec succès, oblige les propriétaires d’armes à remettre leurs armes d’assaut au gouvernement contre une somme d’argent ou des objets de valeur. Jusqu’à aujourd’hui, Kamala Harris n’a jamais expliqué pourquoi elle avait changé d’avis sur le sujet.
Des revirements politiques que ne manquent pas de souligner ses opposants. Car si Kamala Harris drague un électorat pro-armes en glissant qu’elle cache une arme sous son oreiller, les pro-Trump ont du mal à ne pas la caricaturer en « anti-armes radicale ». Notamment lorsqu’ils déterrent une archive vidéo de 2007, où la démocrate, alors procureure de San Francisco, affirme : « Ce n’est pas parce que vous possédez légalement une arme dans le secret de votre maison fermée à clé que nous n’allons pas entrer dans cette maison et vérifier si vous êtes responsable et en sécurité dans la manière dont vous menez vos affaires. »
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