États-Unis : Kamala Harris face à une « mauvaise surprise d’octobre » avec la grève des dockers
ÉTATS-UNIS - Un mauvais cadeau de fin de mandat pour Joe Biden et un énorme caillou dans la chaussure de Kamala Harris. Les dockers des ports de la côte est des États-Unis ont débuté une grève de grande ampleur mardi 1er octobre. Une mauvaise nouvelle pour l’administration démocrate et donc pour la vice-présidente à seulement un mois de la présidentielle.
Le mouvement social résulte de l’échec de négociations entre les dockers et leurs employeurs. Les premiers réclamaient une augmentation « méritée » de 77 % des salaires sur six ans. « Nous n’avons jamais fermé le port pendant le Covid. (Nos) membres ont perdu leur vie quand les gens travaillaient de chez eux. Mes hommes étaient sur les docks tous les jours », a affirmé dans une vidéo Harold Daggett, le président de l’International Longshoremen’s Association (ILA), syndicat majoritaire chez les dockers. Le syndicat réclame également le gel de toute automatisation des ports.
Malgré plus de quatre mois de pourparlers avec les employés, l’Alliance maritime des États-Unis (USMX), qui représente les employeurs de 36 ports disséminés du Maine au Texas, a refusé d’accéder à leur demande. L’USMX a également rappelé que son offre incluait une hausse salariale de « près de 50 % ». « Nous avons démontré notre engagement à effectuer notre part pour mettre un terme à la grève de l’ILA qui était totalement évitable », a affirmé l’Alliance.
Joe Biden du côté des dockers
Cette impasse a conduit les quelque 45 000 dockers du syndicat à débuter sa grève, la première d’ampleur sur la côte américaine depuis 1977. De quoi donner des sueurs froides à l’administration démocrate alors que l’économie se remet à peine d’une inflation record qui a contribué à l’impopularité de Joe Biden depuis qu’il est à la Maison Blanche.
Ce dernier qui se présente comme un président social et proche des syndicats (à juste titre) a apporté son soutien aux grévistes : « Il n’est que justice que les travailleurs, qui ont pris des risques pendant la pandémie pour maintenir les ports ouverts, voient également leur salaire augmenter de manière significative. » Et Joe Biden d’« exhorter » l’USMX « à présenter une offre équitable aux travailleurs ».
Le transport d’hydrocarbures et de produits agricoles, ou encore les croisières ne devraient être que très faiblement, voire pas du tout, affectés. En revanche, l’ancien chef de cabinet à la Maison Blanche Mick Mulvaney a prévenu sur SkyNews : « (Cette grève) pourrait avoir de forts impacts sur l’économie à mesure que l’on s’approche de Noël. La plupart des biens qui vont dans les magasins à Noël ont déjà été commandés et sont actuellement en transit. S’ils n’arrivent pas, cela pourrait provoquer un pic d’inflation peut-être sur le court terme. »
Un risque d’inflation
C’est-à-dire avant l’élection présidentielle du 5 novembre. « (Cela) peut complètement changer le cours de l’élection. Ce n’est pas quelque chose que les partis peuvent contrôler. Ce n’est pas un scandale » et pourtant, « ça ne va certainement pas aider le parti en place », poursuit-il. Mick Mulvaney précise que « si la grève dure quelques jours, il n’y aura pas d’impact. Mais si elle dure sur une semaine ou deux, elle pourrait être ce qu’on appelle “la surprise d’octobre” ».
Loren Smith, analyste spécialiste des sujets des transports et fondateur du groupe de recherche Skyline Policy Risk Group, a aussi affirmé au média spécialisé FreightWaves qu’une grève durant plus d’une semaine aurait des conséquences majeures sur l’économie. « Les cargos mettent des mois à rattraper le retard d’une fermeture d’une semaine. Ce serait un choc pour le marché et déstabilisant pour de nombreux acteurs de la chaîne d’approvisionnement », souligne-t-il.
Le spécialiste ajoute qu’un tel événement « corroborerait le narratif selon lequel l’économie est instable ». Ce qui est un énorme souci pour Kamala Harris, alors que l’économie est la priorité numéro un pour les électeurs et que la démocrate n’a pas la confiance des Américains sur le sujet. Au contraire de son rival Donald Trump.
Trump met en cause l’administration démocrate
Sans surprise, le républicain a déjà accusé l’administration démocrate d’être responsable de cette grève, estimant que Joe Biden « aurait dû travailler à un accord entre eux ». Les dockers représentent « la force vive » du pays, « ils ont été très touchés par l’inflation », a-t-il ajouté.
Pour éviter un mouvement social à rallonge et des conséquences politiques dramatiques pour le camp démocrate, l’exécutif est sur le pont. Le secrétaire aux Transports Pete Buttigieg a affirmé ce mercredi 2 octobre à la télévision américaine qu’il allait « continuer de faire pression sur les parties. Nous sommes en dialogue constant » et a appelé les parties à venir « à la table des négociations ».
De son côté, Harold Daggett du syndicat ILA a prévenu que les dockers étaient « prêts à (se) battre aussi longtemps que nécessaire, à rester en grève le temps qu’il faudra, pour obtenir les salaires et protections que (les) adhérents méritent. »
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