États-Unis: d'où vient "Let's go Brandon", le nouveau slogan des anti-Biden?

Le sénateur du Texas Ted Cruz posant aux côtés d'une pancarte
Le sénateur du Texas Ted Cruz posant aux côtés d'une pancarte

Qui est Brandon? Ces dernières semaines, l'expression "Let's go Brandon!" ("Allez Brandon", en version française) a acquis une certaine popularité chez une partie des Américains. Citée par plusieurs personnalités politiques, utilisée comme hashtag de ralliement sur les réseaux sociaux ou encore scandée dans certains stades de football, l'expression est en fait un moyen détourné pour les opposants à Joe Biden d'insulter l'actuel président des États-Unis.

Quiproquo

Comme l'explique le média canadien La Presse, la genèse du terme remonte au 2 octobre dernier, en Alabama, État conservateur du Sud du pays, au terme d'une course de Nascar. Alors que le pilote lauréat du jour, Brandon Brown, est interviewé en direct sur la chaîne NBC, plusieurs dizaines de personnes du public scandent "Fuck Joe Biden", que l'on peut traduire poliment par "Joe Biden, va te faire foutre."

Sur le moment, la journaliste Kelli Stavast ne saisit pas l'injure présidentielle, et pense que les spectateurs envoient des cris de soutien au pilote. "Vous pouvez entendre les chants de la foule, 'Let's go Brandon'", se réjouit-elle alors.

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Il n'en fallait pas plus pour les plus Trumpistes et autres conservateurs fervents opposants à Joe Biden pour se saisir de l'expression. Elle est depuis utilisée pour insulter l'homme fort de la Maison-Blanche de manière discrète mais également afin de dénoncer ce qui selon eux serait un parti-pris des médias, la journaliste en question ayant selon leur théorie cherché à dissimuler les cris anti-Biden de la foule.

Repris en politique

Lors d'un récent déplacement en banlieue de Chicago où il devait faire la promotion de la vaccination, Joe Biden a été accueilli au son du slogan. Quelques jours plus tard, le même chant attendait le chef d'État lors d'une visite dans le New Jersey.

Le gimmick s'est répandu comme une trainée de poudre, au point même de faire son apparition dans le débat politique. Dernièrement, le sénateur du Texas Ted Cruz, proche de Donald Trump, posait aux côtés d'une pancarte "Let's go Brandon" en marge d'un match de baseball.

Lors d'une conférence de presse du gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis, plusieurs membres du public se sont levés en fin d'allocution afin de scander le slogan.

Certains vont même plus loin. C'est le cas de Jeff Duncan, représentant du troisième district de Caroline du Sud à la Chambre des représentants, qui portait un masque arborant l'insulte déguisée sur les marches de la Maison-Blanche.

Clips et t-shirts

De même, "Let's go Brandon" est sur le point de devenir un juteux business. Pour la modique somme de 45 dollars, soit une quarantaine d'euros, le comité politique de Donald Trump Save America a mis en vente un t-shirt reprenant l'expression. Un produit "officiel" que l'ancien président "veut que vous achetiez", peut-on lire dans un mail de promotion du vêtement.

Le 11 octobre, c'est une chanson de rap interprétée par un certain Loza Alexander qui a vu le jour. A date, le morceau de protestation, qui reprend des thèmes détournés de la campagne de Trump tels que "Make music great again" a été vu plus de 4,6 millions de fois.

Il s'est même hissé en 38e position du classement US Billboard Hot 100 du magazine éponyme et au 10e rang de la catégorie R&B/Hip-Hop de ce dernier.

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Un second titre du même nom, interprété par Bryson Gray, est actuellement en 28e position des charts. Dans le clip officiel du titre, l'interprète arbore un t-shirt Impeach Joe Biden et arbore ostensiblement une arme à feu.

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"Lets' go us"

Quant à Brandon Brown, le pilote automobile à "l'origine" du chant, il semble prendre la chose avec le sourire. Le 7 octobre dernier, il s'est même fendu d'un tweet ironique dans lequel il souhaite la bienvenue à tous les Brandon signé "Let's go us."

Membre d'une écurie qui appartient à son père, en mauvaise santé financière malgré sa victoire du 2 octobre passé, le pilote espère bien profiter de cette nouvelle célébrité pour trouver de nouveaux sponsors.

Article original publié sur BFMTV.com