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États-Unis: en difficulté, Joe Biden s'engage pour le droit de vote des minorités

Le président américain Joe Biden à la Maison Blanche, le 3 janvier 2022 - MANDEL NGAN © 2019 AFP
Le président américain Joe Biden à la Maison Blanche, le 3 janvier 2022 - MANDEL NGAN © 2019 AFP

Le déplacement est symboliquement lourd et politiquement explosif: Joe Biden est arrivé mardi en Géorgie pour promettre de protéger à tout prix l'exercice du droit de vote par les Afro-Américains, menacé selon lui par les États conservateurs du Sud du pays.

"C'est un moment crucial", a-t-il dit aux journalistes en quittant la Maison Blanche mardi, assurant que "l'Histoire jugerait" les parlementaires américains. Le président, fragilisé par une cote de confiance anémique, a décidé de jouer son va-tout politique. Il est prêt à un passage en force au Sénat d'une vaste réforme électorale, bloquée jusqu'ici par les républicains, a fait savoir la Maison Blanche.

"Je ne céderai pas. Je ne tremblerai pas. Je défendrai votre droit à voter", a promis le démocrate de 79 ans aux électeurs issus des minorités, qui sont censés pencher du côté démocrate.

Hommage à Martin Luther King

Après le Capitole la semaine dernière, où il a livré un discours vibrant sur la démocratie, Joe Biden a encore augmenté la charge symbolique mardi par ce déplacement en Géorgie, ancien Etat esclavagiste et terre de combats, passés et présents, contre la discrimination raciale.

C'est en s'entretenant avec les enfants de Martin Luther King puis en se recueillant sur la tombe de l'icône de la lutte pour les droits civiques que le président a entamé sa visite à Atlanta. Avec la vice-présidente Kamala Harris, Joe Biden s'est ensuite rendu dans l'église baptiste où a officié Martin Luther King, assassiné en 1968.

Le démocrate a bénéficié avant son élection du soutien décisif de figures de la communauté afro-américaine, mais les activistes des droits civiques le mettent désormais en garde contre des promesses creuses. Martin Luther King III, fils du chantre de la non-violence, a ainsi averti le président via Twitter: "sa visite ne doit pas être une simple formalité."

Vers une harmonisation des règles de vote?

La presse américaine note aussi l'absence aux côtés de Joe Biden de Stacey Abrams, candidate démocrate au poste de gouverneur de Géorgie et l'une des voix les plus puissantes aujourd'hui en ce qui concerne la participation électorale des Afro-Américains. Un simple "conflit d'agenda", assure la Maison Blanche.

Le président veut harmoniser les conditions dans lesquelles votent les Américains, depuis l'inscription sur les registres électoraux jusqu'au décompte des voix, en passant par le vote par correspondance ou la vérification d'identité. Autant de paramètres que plusieurs États républicains du Sud, dont la Géorgie, ont entrepris de modifier pour, disent-ils, augmenter la sécurité des opérations de vote.

Dans les faits, ces réformes compliquent l'accès aux urnes des Afro-Américains tout en renforçant l'emprise des autorités locales sur les opérations de vote. Les démocrates accusent les conservateurs de chercher à subvertir de futures élections, sous l'influence d'un Donald Trump qui clame contre toute preuve que la dernière présidentielle était truquée.

Une bataille parlementaire en vue

Les républicains reprochent eux à leurs adversaires de tenter "un coup de force flagrant destiné à fausser les règles du jeu", selon la présidente du Comité national républicain, Ronna McDaniel. Joe Biden veut que le Sénat adopte deux lois, le "John Lewis Voting Rights Advancement Act" et le "Freedom to vote Act".

Le président est prêt pour cela à faire voler en éclats la "règle du filibuster". Elle exige que le Sénat rassemble une majorité renforcée (60 voix sur un total de 100) pour mettre au vote la plupart des textes. Joe Biden, qui risque de perdre le contrôle du Congrès après des élections à l'automne, veut donc voir les démocrates (51 voix au Sénat en prenant en compte celle de Kamala Harris, contre 50 pour les républicains) voter à la majorité simple.

De quoi faire hurler l'opposition conservatrice mais aussi bousculer certains démocrates, attachés à cette "supermajorité" censée favoriser le dialogue entre les deux partis. Parmi ces sceptiques, le sénateur de Virginie-Occidentale, Joe Manchin, qui a déjà bloqué à lui tout seul de grandes réformes sociales. Favorable à la réforme électorale elle-même, l'élu est cependant réticent à suivre la procédure envisagée par l'état-major de son parti.

Article original publié sur BFMTV.com