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États-Unis: la charge contre le FBI de Simone Biles et d'autres victimes de violences sexuelles

Simone Biles face au Sénat américain, à Washington le 15 septembre 2021 - SAUL LOEB / POOL / AFP
Simone Biles face au Sénat américain, à Washington le 15 septembre 2021 - SAUL LOEB / POOL / AFP

"On nous a laissé tomber et on nous doit des explications". La voix brisée par l'émotion face à une commission du Sénat des États-Unis, Simone Biles a déploré l'inaction et les manquements des autorités sportives et de la police fédérale pour empêcher les agressions sexuelles subies par de nombreuses jeunes gymnastes américaines. Comme la quadruple championne olympique, elle-même victime, McKayla Maroney, Maggie Nichols et Aly Raisman ont aussi pris la parole pour déplorer les "ratés" de l'enquête, qui a finalement abouti à la condamnation à vie de l'ancien médecin Larry Nassar.

"Je rends responsable Larry Nassar et je rends responsable un système entier qui a permis et perpétré ces abus, la Fédération américaine de gymnastique et le Comité olympique américain", a dit Simone Biles. "Quelle est la valeur d'une petite fille?", s'est-elle aussi interrogée lors d'un témoignage poignant.

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Le bureau du FBI à Indianapolis dans le viseur

Larry Nassar, 58 ans, purge une peine de prison à vie après avoir été condamné à plusieurs lourdes sentences en 2017 et 2018 pour des agressions sexuelles sur plus de 250 gymnastes, la plupart mineures, commises au sein de la fédération de gymnastique, à l'université d'État du Michigan et dans un club de gymnastique à Lansing où il travaillait.

Un rapport de l'inspection générale du ministère de la Justice, un organisme indépendant, s'est montré très sévère envers le bureau local du FBI à Indianapolis, où le patron de la fédération de gymnastique avait le premier rapporté les accusations contre l'ostéopathe en juillet 2015. L'enquête avait été refermée en septembre et il avait fallu un autre signalement, huit mois plus tard, pour qu'une nouvelle enquête aboutisse.

"Malgré la nature extraordinairement sérieuse des accusations et la possibilité que M. Nassar poursuive ses agissements, les hauts responsables du FBI à Indianapolis ont échoué à répondre avec le grand sérieux et l'urgence que [les accusations] méritaient, ont fait des erreurs nombreuses et fondamentales en y répondant et ont violé de multiples règles du FBI", conclut le rapport. Les policiers ont par exemple attendu plusieurs semaines avant d'interroger une des trois athlètes qui avaient accepté de témoigner, et n'ont jamais entendu les deux autres.

"Ces agents ont commis un crime"

"Non seulement le FBI n'a pas fait d'enquête, mais quand [les agents fédéraux] ont finalement fait un rapport 17 mois plus tard, ils ont fait de fausses déclarations sur ce que j'avais dit", a accusé l'ancienne gymnaste McKayla Maroney (25 ans), qui avait été agressée quand elle avait 13 ans. À l'époque, le bureau local du FBI avait recueilli son témoignage contenant des détails très précis sur les agressions. "Ces agents ont commis un crime", a-t-elle souligné, dénonçant l'absence de sanctions prises par le ministère de la Justice.

Aly Raisman, qui avait révélé avoir été agressée à partir de 2010, avait dénoncé Larry Nassar en 2015 à la fédération. "Le FBI a mis 14 mois pour me contacter malgré mes nombreuses demandes de témoigner", a déclaré la jeune femme de 27 ans. Maggie Nichols, 24 ans et première à avoir dit avoir subi des abus sexuels, s'est dite "hantée par le fait que même après avoir signalé mes agressions, tant de femmes et de jeunes filles ont souffert".

À présent, la commission sénatoriale doit entendre le directeur du FBI, Christopher Wray, et le chef de l'inspection générale du ministère de la Justice, Michael Horowitz.

Article original publié sur BFMTV.com