États-Unis: après la victoire de Donald Trump, les Américaines font le plein de pilule abortives

"Nous devons nous procurer des contraceptifs ou des stérilets". Ce sont les premiers mots formulés par Briana Schneekloth, une Américaine de 20 ans, à son amie après avoir appris la victoire de Donald Trump, tôt ce mecredi 6 novembre, rapporte le Washington Post.

Comme cette étudiante à l'université Temple de Philadelphie, des millions d'Américaines ont décidé de recourir à des pilules abortives, en amont du retour du milliardaire au pouvoir.

Dans les 24 heures qui ont suivi l'annonce de l'élection du candidat républicain, Aid Access, l'un des plus grands fournisseurs de pilules abortives aux États-Unis, a reçu 10.000 demandes de médicaments - contre 600 habituellement - provenant aussi bien d'États limitant l'avortement que d'autres où la procédure est encore protégée.

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Rebecca Gomperts, la fondatrice, a déclaré que l'organisation avait reçu tellement de commandes en ligne que le site internet avait brièvement planté. En cause, l'inquiétude des Américaines de voir le droit à l'avortement encore plus réduit qu'il ne l'est déjà par le président élu, Donald Trump.

Depuis la décision historique de la Cour suprême, en juin 2022, d’invalider l’arrêt Roe vs Wade qui garantissait le droit à l'avortement sur l'ensemble du territoire américain, la légalité de l'IVG est désormais laissée à l'appréciation des États. Cette décision avait été rendue possible grâce notamment à Donald Trump, qui au cours de son premier mandat avait nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême.

Se préparer à "l’apocalypse reproductive"

Partout sur le territoire américain, les prestataires de soins de santé pour les femmes ont été inondés par les demandes de pilule abortives ou de moyens de contraception. Auprès du Guardian, Elisa Wells, cofondatrice de l’organisation Plan C, qui fournit des contraceptifs, a déclaré que le trafic de son site avait augmenté de 625%.

"Les gens essaient de se préparer à l’apocalypse reproductive qui se produira sous la présidence de Trump", a affirmé Elisa Wells.

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Sohana Pai, une étudiante en médecine de 24 ans de Kansas City dans le Missouri, a d'ailleurs pris rendez-vous avec son gynécologue le lendemain de l'élection de Trump. En prévention d'un durcissement de la législation américaine, elle a décidé de se faire poser un stérilet. "C'est un peu de souffrance pour moi pendant huit ans, mais je pense que ça en vaut la peine", a-t-elle affirmé au Washington Post.

Pour Rebecca Gomperts, fondatrice de l'organisation Aid Access, "les gens ne font plus confiance aux lois des États pour les protéger". D'où la nécessité pour les Américains de prendre les devants.

Ruée sur la pilule du lendemain

L'inquiétude générale n'a pas seulement eu un impact sur les pilules abortives. Les services de santé ont observé une ruée vers la pilule du lendemain. Wisp, service de santé pour les femmes, a déclaré au Guardian qu'il avait triplé ses ventes quotidiennes habituelles de contraceptifs d'urgence dès 11h30, le 6 novembre, seulement quelques heures après l'élection de Donald Trump.

"Les femmes sont intelligentes. Nous voyons ce qui se prépare et nous nous protégeons", a déclaré au Guardian Cynthia Plotch, cofondatrice de Winx Health, un site spécialisé dans la santé sexuelle.

Trump, un président conservateur

Pendant plus d’un an, Donald Trump avait refusé de préciser sa position sur l’avortement. Mais à sept mois de l'élection présidentielle, le candidat républicain avait fini par clore le débat en déclarant, tout comme la Cour suprême, qu'il revenait à chaque État de décider de sa législation.

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L'ancien président avait d’ailleurs remercié les six juges conservateurs, qui composent la majorité à la Cour, pour leur "courage" dans le choix d’invalider l’arrêt Roe vs Wade.

"Les Américaines ont conscience que la menace est bien réelle et que l’accès à l’avortement est menacé sous l’administration Trump", a déclaré au Washington Post Brittany Fonteno, présidente de la National Abortion Federation.

"Elles sont extrêmement préoccupées par leur capacité à obtenir les soins dont elles ont besoin", a-t-elle estimé.

Les Américaines sont d'autant plus anxieuses au vu du Project 2025, qui risque de restreindre davantage l'accès aux contraceptions. Cette feuille de route établie par les ultraconservateurs du pays, depuis près deux ans, prévoit les grandes lignes directrices du programme de la future administration Trump.

Article original publié sur BFMTV.com