État de droit "pas intangible": les propos de Retailleau crispent les macronistes jusqu'au gouvernement
L'État de droit, "pas intangible"? Les propos tenus par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, ce dimanche 29 septembre dans le JDD, font vivement réagir dans le camp présidentiel et chez ses alliés.
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s'est dite ce lundi "très inquiète" par les propos du nouveau locataire de Beauvau. "Lorsque la situation est tendue, lorsqu'il y a des crises, il ne faut surtout pas remettre en cause l'État de droit", a-t-elle déclaré sur France 2. "L'État de droit, c'est ce qui protège notre démocratie, c'est ce qui protège tous les citoyens", a-t-elle ajouté, avertissant: "soyons extrêmement respectueux de notre cadre, ce n'est vraiment pas le moment de tout chambouler".
"Propos clivants"
"L'heure n'est pas à tenir des propos clivants", a critiqué de son côté l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne sur RMC-BFMTV. "L'État de droit est quelque chose de sacré", a insisté la députée d'Ensemble pour la République, appelant à "éviter de crisper le pays".
Son collègue Pierre Cazeneuve, vice-président du groupe parlementaire macroniste, a également réagi: "Depuis le début de mon mandat, je me suis toujours levé contre ceux qui remettaient en cause l'État de droit (...) Je continuerai à le faire", a-t-il écrit sur X.
"Moi, je préfère la droite Moussa à la droite des Français de papier", a abondé le député du camp présidentiel Mathieu Lefèvre sur TF1, opposant Gérald Darmanin dont le deuxième prénom est Moussa, à son successeur qui avait qualifié les Français issus de l'immigration de "Français de papier".
"Quand M. Retailleau parle d'aller hors de l'État de droit, quand il a eu cette déclaration avant son entrée au gouvernement sur les Français de papier, ça n'est pas la droite et le gouvernement qui me paraissent répondre de la façon la plus claire aux aspirations des derniers mois", a-t-il développé.
"Populisme"
Du côté des formations proches du camp macroniste, le président du groupe Modem Marc Fesneau a jugé que "le pays n’a nul besoin d’encore plus de populisme". "L'État de droit, c'est ce qui protège chacun d'entre nous de l'arbitraire", a réagi sur X l'ancien ministre de l'Agriculture. "Nous y veillerons. J'attends que le gouvernement y veille également", a-t-il ajouté.
Michel Barnier a été aussi interpellé sur sa non-réaction par plusieurs députés de la coalition, comme Erwan Balanant ou Stella Dupont qui demandent "un recadrage" de Bruno Retailleau. "Consterné", le non-inscrit Sacha Houlié, ancien président macroniste de la commission des Lois, juge que "sans autre forme de réaction de l'exécutif, cette politique justifie à elle seule la censure du gouvernement".
"Hors de question de remettre en cause" l'État de droit
Les propos de Bruno Retailleau ont aussi fait tiquer jusqu'au gouvernement. "L'État de droit dans une démocratie est un intangible pour assurer l'égalité de chacun face à la loi", a réagi la ministre macroniste de l'Écologie Agnès Pannier-Runacher sur X.
Face à la levée de boucliers suscitée par les déclarations de Bruno Retailleau, le gouvernement tente d'arrondir les angles. "Il est hors de question de remettre en cause ne serait-ce qu’un centimètre de l’État de droit qui est un pilier majeur de notre République. Ce que le ministre a voulu dire, c’est qu’on peut en revanche interroger le droit, le faire évoluer, sur le régalien comme le reste, c’est le rôle du parlement", a déclaré une source gouvernementale à BFMTV.
À droite, le nouveau locataire de Beauvau a reçu le soutien de l'ancien président Nicolas Sarkozy qui "apprécie les débuts de Monsieur Retailleau qui affirme une politique".
Le porte-parole du RN Laurent Jacobelli a quant à lui été jusqu'à proposer au ministre de l'Intérieur "qu'il rejoigne la grande coalition que nous avons lancée avec Éric Ciotti".