Qui était Larbi Ben M’hidi, dont Emmanuel Macron a reconnu l’assassinat par des « militaires français » ?

 Larbi Ben M’Hidi, au centre, l’un des cinq membres du Comité de coordination et d’exécution du FLN et chef politique de la région d’Alger durant la « Bataille d’Alger », et Chergui Brahim (à droite),agent de liaison du Front de libération nationale (FLN) avec le CCE, sont présentés à la presse, le 2 mars 1957, devant la villa d’El Bihar où ils sont retenus captifs depuis leur arrestation le 25 février 1957.

GUERRE D’ALGÉRIE - C’était il y a 67 ans. Dans une ferme en dehors d’Alger, quelques jours après son arrestation le 23 février 1957, le militant indépendantiste Larbi Ben M’hidi, était exécuté par des militaires français, comme l’a reconnu l’Élysée dans un communiqué publié ce vendredi 1er novembre. Souvent présenté par ses compatriotes comme le « Jean Moulin algérien », l’homme de 34 ans était l’une des figures historiques de la guerre d’indépendance de son pays.

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Né en 1923 près d’Aïn M’lila, dans les Aurès, Larbi Ben M’hidi s’intéresse à la politique dès 17 ans. « Il était chef scout, jouait au foot dans l’équipe de l’Union sportive de Biskra et faisait du théâtre. Mais il avait aussi une conscience politique exacerbée », racontera sa sœur Drifa Ben M’hidi. En mai 1945, il participe aux manifestations réclamant l’indépendance de l’Algérie. Il est arrêté et incarcéré à Constantine. À sa libération, il adhère au MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques).

Chef historique du FLN

En juillet 1954, Ben M’hidi est parmi les 22 militants indépendantistes qui décident du passage à l’insurrection, puis est choisi pour devenir l’un des six chefs historiques du Front de libération nationale (FLN) qui déclenchent la guerre d’indépendance, le 1er novembre. En août 1956, il préside le « Congrès de la Soummam », dans le maquis de la petite Kabylie, qui dote le FLN de structures politiques et militaires.

Début 1957, des bombes posées par le FLN explosent dans des cafés et des stades d’Alger, faisant 15 morts et des dizaines de blessés. Le commandant de la 10e division parachutiste, le général Jacques Massu se lance dans un combat sans merci contre le FLN. Les paras quadrillent Alger, perquisitionnent jour et nuit, arrêtent massivement. Jacques Massu exprimera plus tard ses regrets pour la torture lors de cette campagne pour éviter la décolonisation de ce qui était alors un département français.

Sa mort maquillée en suicide

Le 23 février, en pleine « Bataille d’Alger », Ben M’hidi est arrêté par le régiment du colonel Marcel Bigeard. Exhibé devant la presse, menotté, il reste souriant et serein, face aux parachutistes français. La nuit du 3 au 4 mars, Ben M’hidi est transféré dans une ferme abandonnée puis exécuté. Les militaires français feront ensuite passer sa mort pour un suicide.

Dans un livre-aveu, « Services spéciaux, Algérie 1955-1957 », paru en 2001, le général Paul Aussaresses, ancien responsable des services de renseignement à Alger, admet avoir organisé l’assassinat, affirmant avoir agi avec l’aval des politiques au pouvoir à l’époque.

Considéré comme un héros en Algérie, celui qu’on surnommait El-Hakim (le sage) a donné son nom à de nombreux lieux et édifices institutionnels dans le pays.

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