"Il était inquiet de souffrir": le témoignage de la veuve de Loïc Résibois, militant pour le droit à mourir dans la dignité
Il voulait pouvoir choisir sa fin de vie. Caroline Résibois, la veuve de Loïc Résibois, mort à l'âge de 47 ans mardi 24 septembre de la maladie de Charcot, raconte les derniers instants de son époux et revient auprès du Parisien sur le combat mené par son mari disparu en faveur de la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie.
"Il était inquiet de souffrir et qu'on le voie souffrir", confie Caroline Résibois, à propos de son mari, qui a choisi d'utiliser la loi Claeys-Leonetti pour sa fin de vie, tout en dénonçant son "hypocrisie".
Actuellement, la loi française n'autorise ni le suicide assisté ni l'euthanasie. Seule une sédation progressive et continue est autorisée. "Avec cette sédation, on vous endort et on arrête de vous alimenter", déplore cependant Caroline Résibois.
"On vous donne la mort à petit feu. Cela peut prendre des jours, des semaines", dénonce-t-elle.
"Il voulait pouvoir choisir sa fin"
En 2022, Loïc Résibois apprend qu'il souffre de la maladie de Charcot, cette maladie dégénérative et incurable qui atteint les nerfs moteurs. L'ancien policier devient alors militant pour l'aide à mourir.
Mais après la dissolution de l'Assemblée nationale en juin dernier, le projet de loi sur la fin de vie promis par Emmanuel Macron est mis sur pause. "Ça a été un choc. Loïc l'a très mal vécu", assure sa veuve.
Le quadragénaire, se sachant condamné par la maladie, décide durant l'été d'avoir recours à une sédation pour abréger ses souffrances. Mais il n'a pas été simple de trouver un soignant prêt à le faire, selon Caroline Résibois. Loïc Résibois n'a pourtant jamais baissé les bras.
"Il a aimé sa vie, il voulait pouvoir choisir sa fin", résume sa veuve. Finalement, un infirmier libéral accepte de venir de La Rochelle pour le faire.
"Manger, respirer, tout lui coûtait"
Le Picard d'origine choisit de lancer cette sédation sur l'île de Ré, à laquelle il est attaché. Il y passe ses dernières semaines de vie, durant lesquelles il s'affaiblit toujours plus. "Manger, respirer, tout lui coûtait", se souvient sa veuve.
"Mais notre vie était paradoxalement joyeuse. Nous profitions de chaque instant", jure Caroline Résibois, avant que l'état de santé de son mari ne se dégrade encore plus.
"Nous étions plusieurs, avec sa soeur, ses parents pour affronter ça ensemble, mais c'était effrayant", souffle Caroline Résibois à propos de sa lente dégradation.
Pendant les derniers instants de vie de son époux, elle était à ses côtés. "Ma fille et moi, on était assises près de son lit. L'infirmière était à son chevet, en train de pousser la seringue doucement", dit-elle. Finalement, "on l'a vu s'endormir paisiblement", jure-t-elle.
Entre "soulagement" et "tristesse"
Quelques jours après la mort de Loïc, sa veuve évoque une "grande tristesse", mais assure aussi ressentir un "soulagement" de savoir que son mari est parti "sereinement, là où il voulait".
"Cela atténue ma peine", jure-t-elle.
Désormais, la veuve de Loïc Résibois promet de "continuer à alimenter" le compte Instagram de son mari. Objectif: "poursuivre son combat".