Été 85 (Arte) - L'ode aux eighties de François Ozon : "Il y avait quelque chose de sexy à sauver de cette époque"
Après Grâce à Dieu, film grave et bouleversant sur les victimes du prêtre pédophile Bernard Preynat, François Ozon a eu envie de légèreté. De revenir à la douceur, à la lumière de l’été de ses 17 ans, au cours duquel il a lu La Danse du coucou, de l’écrivain anglais Aidan Chambers, histoire d’amitié et d’amour entre deux garçons. Le réalisateur de 8 femmes avait voulu le porter à l’écran pour son premier long-métrage. Il en avait même écrit le scénario, avant de se tourner vers d’autres projets. Le temps de bâtir l’une des plus excitantes filmographies du cinéma français, Ozon s’est souvenu de ses émois de jeunesse, a relu le roman : "J’ai été aussi touché qu’il y a trente-cinq ans". Et, dans la foulée, a tourné Été 85 sur la côte normande.
Coup de foudre
Au Tréport, un jour d’orage, Alexis, interprété par Félix Lefevbre, 16 ans, sort en mer à la barre d’un dériveur. Un coup de vent et son embarcation chavire. Son coeur aussi lorsque David (Benjamin Voisin) se porte à son secours, tandis que les éclairs zèbrent le ciel. Littéralement, un coup de foudre ! Une romance va alors naître entre les deux garçons. Mais ce diable d’Ozon, qui n’aime rien tant que semer le trouble, va y injecter de la cruauté et de la noirceur, avec la mort qui s’invite d’entrée de jeu. Alexis, le narrateur, annonce la couleur (pas franchement rose bonbon) dès l’apparition de son sauveur : « Entrée en scène de David Gorman, 18 ans et un mois. C’est lui, le futur cadavre… » Le film, plus retors qu’il n’y paraît, flirte alors avec le thriller : une promesse, le sentiment de jalousie et un mystère, qui ne sera révélé qu’à la toute fin.
Une ode aux eighties
C’est la première fois que le réalisateur investit les années 80, "assez ingrates, selon lui, et qui restent associées à l’argent roi, au mauvais goût, à la série Dallas, aux vestes à épaulettes et au gel coiffant". On notera le peigne à cran d’arrêt dont se sert David pour dompter sa « coupe mulet ». "Mais il y avait quelque chose de sexy à sauver de cette époque : des musiques, souvent anglaises." Alors, de fêtes foraines en bagarres, de virées à moto en sorties en boîtes de nuit, Fr...
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