Éric Dupond-Moretti : « Ce procès est une infamie »
Imagine-t-on un ministre de la Défense jugé par un quarteron de généraux, assistés de quelques parlementaires affublés de képis et de vestes galonnées ? La comparaison est un peu grossière mais tout de même : il y avait quelque chose d'assez surnaturel à voir le ministre de la Justice en exercice – Éric Dupond-Moretti signait encore, le matin même, des parapheurs à la chancellerie, où il est retourné après l'audience – face à trois magistrats représentant le service public qu'il dirige, flanqués de six députés et sénateurs à qui l'on a prêté, pour la circonstance, une robe de magistrat. Parmi eux : la députée LFI Danièle Obono, les cheveux noués dans un spectaculaire bandeau violet – la même qui, il y a quelques jours, qualifiait le Hamas de « mouvement de résistance ».
Le procès d'Éric Dupond-Moretti, poursuivi devant la Cour de justice de la République (CJR) pour « prise illégale d'intérêts », à la suite de la plainte conjointe de deux syndicats de magistrats (l'USM et le Syndicat de la magistrature) et de celle de l'association Anticor, s'est donc ouvert lundi après-midi, dans l'ancien palais de justice de Paris, sur l'île de la Cité. Et la première impression qui domine est bien celle d'un profond malaise. Un ministre de la Justice, répondant devant la justice d'actes accomplis en sa qualité de ministre de la Justice : tel est le cas de figure, totalement inédit, baroque et, pour tout dire, assez invraisemblable, de l'audience à laquelle il nous est don [...] Lire la suite