Sur les éoliennes, le "en même temps" d'Emmanuel Macron

POLITIQUE - Emmanuel Macron “comprend” les “réticences” sur les éoliennes. Mais en même temps, hors de question de les abandonner. Ce jeudi 10 février à Belfort, le président de la République a défendu cette énergie renouvelable au cœur d’un bras de fer entre pros et antis, en essayant de ne fâcher personne.

“Nous ne pouvons nous passer des éoliennes terrestres”, a affirmé d’emblée Emmanuel Macron. Avant de rapidement ajouter: “Je sais toutes les controverses qu’il y a, les rejets, les réticences et je les comprends.”

C’est peu dire. De la classe politique, en passant par les défenseurs des oiseaux et jusqu’à Stéphane Bern, tout le monde a son mot à dire sur cette énergie renouvelable. Bruyantes, voire dangereuses, et défigurant les paysages pour les pourfendeurs; “vitales” pour ses défenseurs. Fidèle à son habitude, Emmanuel Macron assure qu’il “est possible de concilier développement des éoliennes et protection de notre patrimoine”.

La main aux élus locaux

Comment? Tout d’abord, en prenant le temps pour mieux organiser leur extension. “Ce qui avait été fixé à 2030, nous allons l’étaler dans le temps”, a promis le président, s’écartant finalement du doublement du parc sur 10 ans envisagé dans un premier temps.

Ensuite, en s’appuyant sur les élus locaux, motivés par “une fiscalité” avantageuse pour ces projets. Il faut “concerter mieux, en faisant confiance à nos élus, notamment les maires. Ils doivent être ceux qui définissent des secteurs dans les plans locaux d’urbanisme” sur les endroits les plus appropriés aux éoliennes, a plaidé Emmanuel Macron.

Concrètement, les maires devront donc trouver des lieux où les éoliennes ne représentent pas une gêne sonore et visuelle, mais garantissent aussi une véritable efficacité au dispositif. “Nous veillerons à ne pas concentrer les installations sur les mêmes territoires”, assure de son côté le président.

Cette annonce s’est cependant immédiatement attiré les critiques du député écologiste de Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin. Dans un communiqué, il a opposé à cette promesse de développement du parc éolien le vote la veille de la loi 3DS qui “permet aux maires de définir des ‘territoires sans éoliennes’, donnant ainsi un coup d’arrêt certain à la filière.” “Sur les renouvelables, le candidat-président Emmanuel Macron poursuit la tendance actuelle et manie le chaud et le froid”, cingle l’élu.

Très techniques, la plupart des dispositions de cette loi ne parleront pas au grand public mais il s’agit concrètement de donner de nouvelles compétences aux collectivités, de nouvelles places et responsabilités aux élus, de simplifier certaines démarches administratives.

“Les énergies renouvelables, rentables et compétitives”

Dans ce qui ressemble à une base de programme sur les questions environnementales, le président de la République a livré ses ambitions sur l’ensemble des énergies renouvelables, qu’il envisage en complémentarité du nucléaire. “Nous aurons besoin de produire beaucoup plus d’électricité. Et la clé pour en produire de la manière la plus décarbonée, la plus sûre, est justement d’avoir une stratégie plurielle”, a-t-il fait valoir.

Ces énergies renouvelables sont devenues “rentables et compétitives”, a-t-il affirmé. Le président sortant entend donc doubler la production issue des énergies d’ici 2030, et de “l’augmenter encore davantage d’ici 2050”.

Outre les éoliennes terrestres, il a mis l’accent sur l’énergie solaire “parce qu’il est moins cher et s’intègre plus facilement dans le paysage”. Celle-ci “fera l’objet d’un effort particulier”, avec comme objectif à l’horizon 2030 la multiplication par 10 de la puissance installée. L’espace maritime sera lui aussi mis à profit, avec un objectif d’une cinquantaine de parcs éoliens en mer pour “viser 40 gigawatts en service en 2050”.

Là “où il nous faut 15 ans pour construire un réacteur”, les énergies renouvelables peuvent être développées bien plus rapidement, fait valoir Emmanuel Macron, en insistant aussi les retombées pour l’emploi.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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