Émeutes au Royaume-Uni: qu'est-ce que la Ligue de Défense anglaise, pointée du doigt pour les violences
Elle est au cœur des émeutes qui secouent le Royaume-Uni. La Ligue de défense anglaise ("English Defence League", en anglais), groupuscule britannique nationaliste, fait parler d'elle ces derniers jours en raison des violentes manifestations qui se multiplient dans plusieurs villes britanniques.
Ces émeutes, d'une ampleur inédite, ont commencé après le meurtre de trois enfants dans une attaque au couteau à Southport, le lundi 29 juillet, qui a fait également dix blessées. Ce drame a donné progressivement lieu à une flambée de rumeurs et de désinformation sur les réseaux sociaux sur la religion et l'origine du suspect, désigné à tort comme musulman.
Depuis, les manifestations xénophobes et islamophobes ne cessent de se généraliser au Royaume-Uni, certaines soutenues par la Ligue de défense anglaise. Il y a quelques jours, la vice-première ministre du Royaume-Uni, Angela Rayner, a même évoqué la dissolution totale du mouvement.
• Qu'est-ce que la Ligue de défense anglaise?
La Ligue de défense anglaise, groupe britannique d'extrême droite et de lutte contre le jihad, a été fondé à Londres en 2009 par des hooligans du football qui protestaient contre la présence d'un groupe islamiste à Luton, indique la chaîne de télévision britannique, Sky News.
L'un des leaders et figures proéminentes du mouvement est Stephen Yaxley-Lennon, connu sous le nom de "Tommy Robinson", un militant politique condamné à plusieurs reprises pour agression, fraude et outrage au tribunal.
D'un point de vue idéologique, la Ligue de défense anglaise soutient défendre la classe ouvrière blanche. Selon Sky News, elle se distingue cependant de l’extrême droite traditionnelle en dénonçant ouvertement l'antisémitisme et l'homophobie. La Ligue abrite d'ailleurs des sous-groupes du mouvement, "notamment les divisions juives, sikhes et LGBT".
• Existe-t-elle toujours?
La Ligue de défense anglaise a connu une ascension fulgurante entre 2010 et 2013, indique toujours le média britannique, mais a rapidement perdu de son dynamisme, notamment en raison de luttes intestines entre les différentes factions du groupe.
En 2013, le nombre de membres participant aux rassemblements était en baisse. Tommy Robinson, leader du groupe, a quitté l'organisation la même année, craignant de ne pas pouvoir contrôler les adeptes les plus violents du groupe. Le 31 juillet, il a d'ailleurs déclaré sur X:
"Les émeutes sont le fait de résidents locaux qui en ont assez. Cela n'a rien à voir avec l'EDL (Ligue de défense anglaise) qui a fermé ses portes il y a plus de dix ans".
Bien que l’organisation soit considérée par certains comme disparue, les sentiments qui l’alimentent, eux demeurent. La police de Merseyside a déclaré que les partisans de la Ligue de défense anglaise semblaient jouer un rôle important dans les troubles de Southport, après que des émeutiers ont affronté la police à l'extérieur d'une mosquée dans la nuit du 30 au 31 juillet.
• Peut-on l'interdire?
Tenue responsable des récentes violences qui ont éclatés à Southport, l'organisation pourrait être dissoute. Ainsi, la vice-première ministre du Royaume-Uni, Angela Rayner, a suggéré son interdiction, rapporte le quotidien britannique The Telegraph.
"Je pense que la question la plus importante est de s'attaquer à la minorité de personnes qui ont un comportement de voyous - ce qui ne correspond pas à nos valeurs britanniques", a-t-elle déclaré.
"Je suis donc certaine que la ministre de l'Intérieur [Yvette Cooper] examinera cette question dans le cadre normal de nos activités et des renseignements dont nous disposons", a-t-elle poursuivi.
Dans le cadre de la législation britannique, le ministère de l’Intérieur est en mesure d'interdire une organisation s'il estime que celle-ci est liée, d'une quelconque façon, à des activités terroristes. La participation à un groupe interdit par la loi est passible d'une peine d'emprisonnement maximale de 14 ans et/ou d'une amende maximale de 5.000 livres sterling.
Mais pour certaines personnalités politiques, cette mesure ne suffirait pas - les membres de la Ligue de défense anglaise opérant souvent sous une autre bannière. "Vous risquez de manquer la cible si vous proscrivez l'organisation", a déclaré Lord Walney, conseiller du gouvernement en matière de violence politique, cité par Sky News. L'homme politique recommande au gouvernement de s'attaquer plutôt aux "meneurs individuels" qu'au groupe nationaliste lui-même.