Émeutes au Royaume-Uni : face aux violences d'extrême droite, des responsables musulmans appellent à la retenue

Alors que plusieurs mosquées ont été prises pour cible depuis le début des émeutes, le président du Conseil consultatif national des mosquées et des imams a affirmé que ce n'est pas aux musulmans de "se faire justice eux-mêmes".

Une semaine après le début d'émeutes xénophobes au Royaume-Uni, et alors que les police britannique s'attend au "pire jour de trouble" ce mercredi 7 août, des dirigeants de mosquées ont appelé les musulmans à faire preuve de retenue en réponse aux attaques de militants d'extrême droite.

Depuis le début des émeutes qui ont éclaté après une attaque au couteau dans la ville de Southport et dans laquelle trois enfants sont morts, les militants d'extrême droite ont pris pour cible des hôtels hébergeant de demandeurs d'asile, des commerçants mais aussi des mosquées.

La mosquée de Southport a notamment été visée par des jets de projectiles le 30 juillet et des dizaines de policiers chargées de la protéger ont été blessés. Dans les jours qui ont suivi, des mosquées situées à Hartlepool et à Sunderland, dans le nord du pays, ont aussi été prises pour cible.

"Les attaques ont naturellement provoqué la colère et effrayé de nombreux membres de la communauté musulmane" et "de nombreux jeunes musulmans veulent se défendre et défendre leurs institutions", a souligné Qari Asim, le président du Conseil consultatif national des mosquées et des imams (Minab), cité par le quotidien britannique The Guardian.

Mais à ses yeux, ce n'est pas aux fidèles de "se faire justice eux-mêmes" car ce serait "faire un cadeau" aux extrémistes. "C'est le travail de la police et des autres autorités de protéger les individus et les mosquées, et nous devrions les soutenir plutôt que de devenir un obstacle", insiste Qari Asim. "L'extrême droite veut provoquer les musulmans, renforcer les divisions et provoquer de violents affrontements dans nos rues."

"Notre message est très clair : il faut laisser la police faire son travail", a estimé pour sa part Haniya Adam, de la mosquée Green Lane de Birmingham. "Il ne faut pas en passer par le langage de la violence".

Tout en disant "comprendre les personnes jugeant que nous devons nous défendre", il est selon elle clair qu'il "n'est pas possible de combattre le feu par le feu".

Ces appels au calme seront-ils entendus ? Lundi, dans le quartier de Bordesley à Birmingham, plusieurs centaines de personnes, dont une partie portant des cagoules ou des masques, se sont rassemblées en réponse à des menaces d'attaques de la part de l'English Defence League qui circulaient sur les réseaux sociaux.

De son côté, Shabana Mahmood, ministre de la Justice du gouvernement de Keir Starmer, a appelé les Britanniques à se tenir à l'écart des "troubles" et à "laisser la police faire son travail".

"Peu importe qui vous êtes ou la cause pour laquelle vous manifestez. Si vous arrivez masqués avec une arme et avec l'intention de semer le désordre, vous ferez face à tout, vous devrez en répondre devant la loi", a-t-elle déclaré mardi sur son compte X.

Article original publié sur BFMTV.com