Élisabeth Borne face aux motions de censure du RN et de la Nupes : les différences entre les deux textes

Après un nouveau 49.3, cette fois-ci sur le projet de budget 2024 de la Sécurité sociale, le RN et les partis de gauche à l’Assemblée nationale défendent aussi leurs propres idées.

POLITIQUE - Borne repetita. L’Assemblée nationale examine ce lundi 30 octobre les deux motions de censure déposées par l’opposition après l’utilisation par la Première ministre de l’article 49.3 de la Constitution sur le premier volet du projet de budget 2024 de la Sécurité sociale.

Comme les précédentes, ces motions n’ont que peu de chances d’aboutir, le groupe Les Républicains – dont les voix sont nécessaires pour faire tomber le gouvernement – expliquant ne pas vouloir franchir le Rubicon sur un texte budgétaire. Qu’importe, pour le Rassemblement national et l’alliance des partis de gauche à l’Assemblée (hors PS cette fois-ci), qui se plient à nouveau à l’exercice.

À gauche, l’accent la protection sociale

Comme à chaque 49.3 ou presque (l’extrême droite fait parfois l’impasse et mêle ses voix à celle de la Nupes), les deux camps ont déposé un texte chacun, avec, sans surprise, des termes différents qui rappellent leurs fondamentaux propres.

Sur le fond, la motion déposée par la France insoumise, les écologistes et le Parti communiste, plus détaillée que celle du Rassemblement national, met avant tout l’accent sur les carences du gouvernement en termes de protection sociale.

Les signataires déplorent, pêle-mêle, une « gestion par la pénurie qui dégrade l’accès aux soins et les prises en charge ». Des « revalorisations de prestations sociales insuffisantes et tardives alors que les situations de privation matérielle et sociale explosent ». Ou encore le « climat anxiogène fait de hausse du reste à charge ou de culpabilisation des arrêts maladies ».

En résumé, pour les partis de gauche, « le manque d’ambition de ce gouvernement compromet la soutenabilité de notre modèle de protection sociale, qui faisait hier encore la fierté de la Nation ». Un réquisitoire qui s’accompagne également de la liste des instances ou partenaires sociaux qui ont critiqué le budget de la Sécu, une façon de démontrer selon eux l’isolement de l’exécutif.

Le RN et la mention immigration

De l’autre côté, le texte de Marine Le Pen et de ses députés ne s’arrête pas sur ce point. Il se concentre sur la critique de l’exécutif dont la politique contribue à la « lente et progressive dégradation de notre système de santé » malgré une « hausse d’impôts de 17 milliards d’euros l’année prochaine ».

Si l’on retrouve parfois les mêmes reproches que ceux formulés par la gauche, sur le refus de compenser le coût de l’inflation pour les hôpitaux par exemple, le parti d’extrême droite ne loupe pas l’occasion de mettre en avant l’un de ses thèmes phares, l’immigration. « Ce budget, (...) ne proposant aucune économie structurelle notamment à travers une réforme de la politique migratoire qui pèse lourdement sur notre modèle social et n’offrant aucune mesure de justice sociale à la hauteur, ne répond en rien aux enjeux sociaux et sanitaires de notre pays », écrivent ainsi les élus du RN. Une mention qui, bien sûr, ne figure pas dans le texte défendu ce lundi par la gauche.

Autant de différences qui ne devraient rien changer à l’issue des deux textes. Une fois les motions repoussées, sauf immense surprise, les parlementaires s’attelleront à la partie « dépenses » de ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Un nouveau 49.3 est ensuite attendu « assez vite », selon un ministre à l’AFP. Dès lundi soir ou mardi au plus tard, selon les pronostics de l’agence de presse.

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