Élections régionales en Allemagne: qui est Bjorn Hocke, figure d'extrême droite annoncée aux portes du pouvoir?
En Allemagne se tiennent des élections régionales ce dimanche 1er septembre. Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) est donné vainqueur dans deux scrutins locaux, ce qui serait inédit. Björn Höcke pourrait s'imposer dans l'une des régions.
L'extrême droite pourrait remporter de façon inédite deux scrutins régionaux, en Saxe et en Thuringe, ce dimanche 1er septembre au soir. Parmi les figures qui pourraient émerger, on compte Björn Höcke, leader du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) en Thuringe, région de l'Est du pays.
Celui qui est actuellement le chef de file de l'AfD dans la région de Thuringe est actuellement donné favori du scrutin dans ce Land, selon notamment un sondage de l'institut INSA daté du 13 août.
Alors qu'il n'est détenteur d'aucun mandat politique et d'aucun poste au sein du bureau fédéral de l'AfD, il est actuellement en position de force pour s'imposer dans une élection régionale qui pourrait fragiliser le chancelier Olaf Scholz et qui signerait une victoire politique retentissante pour l'extrême droite en Allemagne.
Une semaine après le triple meurtre au couteau imputé à un Syrien à Solingen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui a relancé un débat dans le pays sur l'immigration, l'AfD entend surfer sur ce fait divers.
Un ex-professeur d'histoire auteur de propos antisémites
Âgé de 52 ans, père de quatre enfants, Björn Höcke est un ancien professeur d'histoire aujourd'hui reconverti en politique. Avec sa silhouette élancée, ses cheveux poivre et sel et son visage souriant, il représente une "figure peu menaçante, voire amicale" qui renouvelle l'image de l'extrême droite dans le pays, note le Wall Street Journal, mais qui fait pourtant partie de la frange la plus radicale de l'extrême droite.
Le leader local de l'AfD s'est de fait illustré à plusieurs reprises pour la violence de ses propos, multipliant notamment les déclarations antisémites. En 2016, il exprime sa "compassion" pour Ursula Haverbeck, négationniste notoire de la Shoah, qui a été condamnée par la justice allemande.
En 2017, il déclare à propos d'Adolf Hitler que "même le pire des criminels a peut-être quelque chose de bon, quelque chose qui mérite d’être aimé".
Il qualifie encore, à la même époque, le mémorial de la Shoah à Berlin de "monument de la honte au coeur de la capitale" et demande un "changement à 180 degrés de la politique de la mémoire".
Un discours nataliste et anti-immigration
Dans ses discours, Björn Höcke promeut notamment la "remigration" de l'Allemagne, serpent de mer des discours identitaires, en appelant clairement pour "un grand programme d'expulsion de clandestins" par avion.
Ce fantasme d'expulsion massive d'étrangers d'Allemagne s'accompagne d'un discours nataliste, puisqu'il souhaite verser un chèque de 10.000 euros pour chaque naissance dans le pays.
Anti-écologiste, il veut également mettre fin à l'inclusion des enfants en situation de handicap dans les écoles ordinaires, appelant à se "libérer" de ce modèle qualifié "d'idéologie" qui "freine les performances" des enfants valides, comme le rapporte le Süddeutsche Zeitung.
Condamné pour l'emploi d'un slogan nazi
Björn Höcke n'est pas inconnu des services de justice, puisqu'il a été condamné en appel début juillet à une amende de 16.900 euros pour l'utilisation d'un slogan nazi.
De fait, il avait appelé le public, lors d'un meeting en décembre 2023, à reprendre la phrase "Tout pour l'Allemagne", devise du groupe paramilitaire "Sturmabteilung" (SA) qui a joué un rôle-clef dans l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler. L'ancien professeur d'histoire a décrété ne pas être au courant que l'emploi de cette devise est illégal en Allemagne et a affirmé avoir simplement réinterprété le slogan "America First" de Donald Trump.
Il avait déjà été reconnu coupable en première instance, mais avait choisi de faire appel. Cette condamnation ne peut pas empêcher son élection ce dimanche, puisqu'en Allemagne, seule une condamnation à une peine de prison d'au moins six mois peut entraîner une mesure d'inéligibilité. Pas de quoi pour autant faire baisser sa cote de popularité.