"Élection volée", "crise de régime"... Le NFP dénonce la désignation de Michel Barnier comme Premier ministre

"Tout ça pour ça", "je voterai la censure", un "foutage de gueule total"... La nomination de Michel Barnier en tant que Premier ministre, annoncée par l'Élysée ce jeudi 5 septembre après de nombreuses consultations, provoque les foudres du Nouveau Front populaire.

L'une des voix les plus fortes de ce camp, le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé une élection qui "a été volée" lors d'une première prise de parole. Il a assuré qu'Emmanuel Macron "refuse de respecter la souveraineté populaire et le choix issu des urnes" alors que le Nouveau Front populaire a obtenu le plus grand nombre de sièges lors du second tour des élections législatives le 7 juillet dernier.

Le leader de La France insoumise a appelé à la "mobilisation la plus puissante que possible" le 7 septembre prochain pour s'opposer à ce choix de Premier ministre.

"Une crise de régime"

L'ancien président de la République François Hollande a de son côté appelé le nouveau chef du gouvernement à "s'expliquer" devant l'Assemblée. Selon lui, le Rassemblement national (RN) a "donné une forme de quitus" à sa nomination.

Il y a la quasi-certitude" que, si Michel Barnier a pu être désigné par le président, "c'est parce que le RN, précisément l'extrême droite, a donné une forme de quitus", a analysé François Hollande, qui s'exprimait devant des journalistes à la foire de Châlons-en-Champagne.

Olivier Faure, le patron des socialistes, voit pour sa part dans la nomination d'un membre des Républicains la preuve de l'entrée dans "une crise de régime".

"Dans toutes les démocraties du monde, c’est la coalition arrivée en tête qui est appelée à former un gouvernement. Jamais le parti qui a perdu l’élection. Créer ce précédent serait dramatique et dangereux pour les institutions elles-mêmes", a-t-il ajouté dans un message sur X.

Même ton du côté de Marine Tondelier, la secrétaire nationale du parti Les Écologistes. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux (puis supprimée) qui se résume par "tout ça pour ça", la femme politique a appelé les électeurs du Nouveau Front populaire à ne pas se "résigner", affichant à nouveau son soutien à Lucie Castets, assurant que ce n'est "pas la fin de son rôle politique".

"Le président a fait les yeux doux à l'extrême droite et, puisqu'il fallait obtenir une non censure du gouvernement, est allé chercher toujours plus à droite sur l'arc politique", a-t-elle adressé à Emmanuel Macron.

"Le foutage de gueule est total"

Ian Brossat, un porte-parole du Parti communiste français (PCF) a fait part de la position de son camp, le dernier membre du quatuor du NFP. Comme les autres représentants de cette union de la gauche, le sénateur communiste fustige cette décision:

"Barnier Premier ministre, ce n’est pas une cohabitation. C’est une colocation. Même ligne politique que Macron, pourtant rejetée massivement aux européennes et aux législatives. Le foutage de gueule est total".

Toujours au nom du PCF, le secrétaire national Fabien Roussel a promis d'utiliser "tous les moyens à (...) disposition pour combattre une politique qui tournerait le dos aux intérêts de la France, à commencer par la censure du gouvernement".

Enfin, du côté des députés apparentés Nouveau Front populaire, hors des grands partis, François Ruffin a promis la censure. "Michel Barnier va-t-il revenir sur la retraite à 64 ans? Rétablir l'ISF? Non, bien sûr que non: Macron l'a choisi à ces conditions. Donc nous le censurerons", a-t-il fait savoir.

Du côté de l'entourage du président de la République, la nomination de Michel Barnier n'est pas vue comme une continuité, mais comme le choix d'un "opposant politique au président de la République", qui a "su montrer qu’il savait dépasser les clivages partisans et bâtir des rassemblements".

Article original publié sur BFMTV.com