Élection américaine: la mort de Peanut l'écureuil, un étonnant argument de campagne pour les républicains
Les républicains ont peut-être l'éléphant pour symbole, mais c'est du sort d'un écureuil dont ils se sont emparés à quelques jours de l'élection présidentielle. Son nom: Peanut, un petit rongeur saisi par les autorités sanitaires de l'État de New York. Vendredi, elles ont annoncé avoir euthanasié l'animal par crainte d'un risque de propagation du virus de la rage.
Peanut n'était pas n'importe quel écureuil. Il comptait plusieurs centaines de milliers d'abonnés sur son compte Instagram et vivait chez son propriétaire, Mark Longo. L'homme, qui a ouvert un refuge pour animaux, publiait sur les réseaux sociaux des vidéos où l'on pouvait voir Peanut portant un chapeau de cow-boy ou un bonnet de Noël ou en train de grignoter des gaufres.
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Mais les autorités sanitaires, alertées par "de nombreux signalements sur l'hébergement potentiellement dangereux d'animaux sauvages susceptibles d'être porteurs de la rage et la détention illégale d'animaux sauvages en tant qu'animaux de compagnie", se sont rendues mercredi chez Mark Longo pour saisir l'écureuil star et Fred, un raton laveur. Elles ont appelé toute personne ayant pu être en contact avec ces bêtes à consulter un médecin.
"Le combat continue"
En larmes et des sanglots dans la voix, Mark Longo a dit pleurer la mort de celui qui a "apporté tant de joie, à nous et au monde". Il a demandé sur Instagram aux admirateurs de Peanut de l'aider à récolter des fonds pour ses "batailles judiciaires" et pour son "refuge". "Le combat continue", a assuré Mark Longo.
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Un combat porté notamment sur les réseaux sociaux par Elon Musk, l'un des plus fervents soutiens de Donald Trump dans cette campagne présidentielle. Sur son compte X, le milliardaire s'est saisi de l'affaire pour l'ériger en exemple d'un gouvernement trop intrusif, d'autant que l'État de New York est dirigé par une gouverneure démocrate.
"Le gouvernement ne devrait pas avoir le droit de débarquer dans votre maison et de tuer votre animal! C'est dégueulasse", s'est-il emporté dans un message accompagné d'une illustration d'un écureuil habillé en chevalier Jedi.
"Même s'il est illégal d'avoir un écureuil comme animal de compagnie (ce qui ne devrait pas être le cas), pourquoi avoir tué Peanut au lieu de l'avoir simplement libéré dans une forêt!?"
L'affaire est même parvenue jusqu'aux oreilles des élus du Congrès. Sur leur compte X, les membres républicains de la Commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis ont réclamé "justice pour Peanut".
Un faux communiqué signé Donald Trump
Donald Trump en personne a même semblé s'engouffrer dans cette histoire avec la publication d'un communiqué de presse circulant sur les réseaux sociaux. Il s'agissait en réalité d'un faux, a expliqué au New York Post Karoline Leavitt, une porte-parole de la campagne de l'ancien président américain.
"Les autorités de New York, dirigées par leur gouverneur atroce, ont consacré plus d'efforts pour éliminer un écureuil, innocent de toutes charges, que pour contrôler les immigrés clandestins qui ont inondé leur territoire", pouvait-on lire dans cette déclaration.
"Si Peanut avait pu leur dire qu'il était originaire du Mexique, ils l'auraient laissé tranquille, lui auraient donné une chambre d'hôtel et lui aurait donné une carte cadeau de 500 dollars."
Paradoxalement, le propre fils de Donald Trump a bel et bien avancé des arguments proches du faux communiqué pour ériger Peanut en symbole d'un gouvernement ne luttant pas assez efficacement à son goût contre l'immigration.
"Il est temps de se débarrasser d'un gouvernement tuant un écureuil mais qui autorise volontiers 600.000 criminels dont 13.000 meurtriers et 16.000 violeurs à entrer dans notre pays", s'est emporté Donald Trump Jr sur son compte X samedi. En espérant que "peut-être le meurtre de Peanut sera le catalyseur d'un réel changement."