Élection américaine 2024: Kamala Harris ou Donald Trump, pourquoi on ne connaîtra pas forcément le vainqueur rapidement
Une longue attente qui s'annonce. Les citoyens américains sont appelés à voter ce mardi 5 novembre pour élire le 47e président des États-Unis, successeur de Joe Biden. Mais contrairement à la traditionnelle annonce à 20 heures en vigueur dans l'Hexagone, aucune heure n'est fixée pour l'annonce des résultats aux États-Unis.
Alors que le duel Trump-Harris est très serré, le résultat de la présidentielle pourrait mettre du temps à être dévoilé, dans ce scrutin au mode indirect qui voit les électeurs voter pour des grands électeurs chargés ensuite de désigner le président.
En 2020, déjà, lors du dernier scrutin, il avait fallu attendre trois jours avant que les médias ne désignent Joe Biden comme le nouveau chef de l'État.
Une élection annoncée comme serrée
Cette situation pourrait bien se reproduire cette année. En cause, d'abord, le nombre d'électeurs, bien plus élevé qu'en France, avec 244 millions électeurs potentiels recensés cette année par le Bipartisan Policy Center, et l'étendu du pays, réparti sur pas moins de cinq fuseaux horaires différents.
Seconde raison, le scrutin s'annonce comme très serré. Le site de compilation de sondages Fivethirtyeight donne en effet ces derniers jours les deux candidats avec un écart de voix infime, situé dans la marge d'erreur.
L'agence de presse américaine Reuters rappelle qu'en 2020, Donald Trump disposait d'une nette avance dans certains États après le décompte des premiers milliers de voix, au point que les médias avaient parlé à l'époque d'un "mirage rouge", couleur du parti républicain, avant que Joe Biden ne finisse pas l'emporter dans ces mêmes États une fois tous les bulletins dépouillés, un phénomène cette fois appelé "virage bleu", comme la couleur du parti démocrate.
Cette situation s'explique par le fait que les électeurs démocrates résident principalement dans les grandes villes très peuplées, mais aussi par le fait qu'ils soient plus nombreux à voter par correspondance. Or, ces modes de vote impliquent tous deux un décompte plus long.
Cette donnée est particulièrement cruciale, alors que le vote par correspondance est une pratique très fréquente aux États-Unis. En 2020, près de 90% des électeurs de l'Arizona avaient par exemple voté de cette façon. La tendance devrait être forte une nouvelle fois cette année. Fin octobre, 57 millions de personnes avaient déjà voté, selon l'Agence France-presse (AFP).
Un nombre important de votes par correspondance
Dans plusieurs swing states, ces États clés donnés comme très incertains et qui devraient permettre à l'un ou l'autre des candidats de faire pencher la balance en sa faveur, le décompte des votes par anticipation ne pourra par ailleurs débuter que le 5 novembre.
C'est notamment le cas en Pennsylvanie, un État considéré comme particulièrement crucial dans la course à la Maison Blanche. Le décompte des voix n'y est autorisé que ce mardi à partir de 7 heures.
De quoi contribuer à prolonger l'attente. En 2020, le vainqueur dans cet État n'avait été officiellement annoncé que quatre jours après la fin du vote.
De probables recours juridiques
À ce décompte particulièrement long, s'ajoute un délai potentiellement allongé par la perspective de litiges dans certains États. En effet, Donald Trump, qui avait déjà affirmé que la présidentielle de 2020, qu'il a perdu, lui a été volée, menace de remettre en cause une nouvelle fois la légitimité du scrutin.
"S'il perd, je suis certain qu'il va crier à la triche, faire tout ce qui est possible pour inverser les résultats (...). Non seulement c'est un mauvais perdant, mais jamais il n'admettra une défaite", estime auprès de l'AFP Donald Nieman, professeur de sciences politiques à l'université Binghamton dans l'État de New York.
De quoi laisser craindre de possibles recours juridiques, comme en 2020, et des demandes de recomptes des voix dans certains États de la part du camp républicain. Ces démarches allongeraient là aussi le délai d'attente avant l'annonce du vainqueur.
Une fois le décompte des voix réalisé dans chaque État, les grands électeurs se retrouveront mi-décembre dans leur État, avant que le nom du nouveau président ne soit annoncé solennellement par le Congrès le 6 janvier 2025.