Écriture inclusive : Julie Gayet, Sandrine Rousseau et Laurence Rossignol répondent à Emmanuel Macron
POLITIQUE - C’est une réponse directe aux propos tenus par Emmanuel Macron lors de la récente inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts.
Emmanuel Macron est contre l’écriture inclusive… mais ne cesse de l’utiliser dans ses discours
Dans une tribune publiée ce mardi 7 novembre dans Le Monde et intitulée « En français, le masculin fait l’homme, le dominant, il ne “fait pas le neutre” », un collectif de 130 universitaires, politiques, artistes, autrices et militants féministes font part de leur indignation après les mots employés par le chef de l’État sur la langue française.
Le 30 octobre, Emmanuel Macron avait appelé à « ne pas céder aux airs du temps », en allusion aux néologismes visant à rendre visible le féminin des mots, afin de lutter, selon leurs défenseurs, contre les inégalités femmes-hommes. « Dans cette langue (française), le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y rajouter des points au milieu des mots ou des tirets ou des choses pour la rendre lisible », avait estimé le président.
Une idée contestée par les signataires de la tribune, parmi lesquels on retrouve l’actrice Julie Gayet, la députée Sandrine Rousseau, la vice-présidente du Sénat Laurence Rossignol ou encore les autrices Hélène Devynck et Florence Porcel.
« Vous ignorez (...) que le masculin et le neutre ont des rôles différents, et que le neutre n’est pas fait – sauf exceptions – pour parler des personnes. Lorsque le masculin est employé pour parler des femmes, c’est bien plutôt parce qu’il “fait l’homme”, le dominant, ce qu’on l’a encouragé à faire, en France, depuis le XVIIe siècle », lui répondent les militants féministes.
« Les graphies testées (...) ne sont pas des “choses” »
« Vous ignorez que les graphies testées pour réaliser (les mots neutres) ne sont pas des “choses”, mais des signes, et que ces signes (le trait d’union, la barre oblique, le point médian…) ont pour mission de remplacer les parenthèses inaugurées par le ministère de l’Intérieur il y a une quarantaine d’années, à l’image du “né(e) le” qui figure sur votre carte d’identité – si elle date d’avant le printemps 2021 », lui rappelle encore les signataires.
Ils pointent aussi « l’égalité entre les femmes et les hommes », annoncée comme la « grande cause » du quinquennat d’Emmanuel Macron. « Votre âge et votre audace laissaient penser que cet engagement serait peut-être suivi d’effets. Mais la montagne a accouché d’une souris, et la domination masculine n’a pas été écornée », déplorent les militants féministes dans leur tribune.
« Or, c’est elle le problème », continuent-ils dans Le Monde. « L’argent volé aux femmes avec des salaires inférieurs, le quasi-monopole qui leur est laissé dans les soins aux personnes fragiles et les travaux domestiques, les coups qui leur sont infligés, les viols, les féminicides… sont le fait d’un système qui profite aux hommes. Il faudrait du courage pour le mettre en cause. Vous ne l’avez pas. »
Le 30 octobre, le jour où le président de la République tenait les propos dénoncés ce mardi par le collectif féministe, les sénateurs avaient adopté à 221 voix contre 82 – ironie du calendrier politique – une proposition de loi de la droite visant à « protéger » le français « des dérives de l’écriture dite inclusive ».
Désormais, le collectif féministe derrière la tribune avertit : « si une telle loi était votée, nous sommes prêt·es. Le lendemain, nous en appellerons au Conseil constitutionnel, à la Cour de justice de l’Union européenne et à la Cour européenne des droits humains – et non pas de l’homme. Erreur de traduction que vous auriez pu corriger, si vous étiez vraiment l’homme d’une grande cause ».
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