«Je vous écris de Téhéran» : l’Iran entre les lignes

Delphine Minoui arrive en Iran en 1997 pour retrouver les traces de son passé familial. Si le journalisme, c’est entraîner dans son sillage le lecteur qui n’entend strictement rien à l’Iran, aux mollahs, à la révolution islamique, l’exercice auquel s’est attaché Minoui, aujourd’hui journaliste chevronnée au service étranger du Figaro, est réussi. D’abord, ne pas prendre à la lettre cette «longue lettre» de 300 pages qu’elle adresse à son grand-père paternel. Est-ce un stratagème de l’éditeur ou une commodité de l’auteur ? Au fond, peu importe.

Ce qui compte, c’est la manière dont Minoui s’est engouffrée dans l’Iran pour le faire dégorger. Il y a des pages saisissantes sur un bassidji - ces gardiens de la révolution -, et notamment l’épouse de ce dernier, qui brossent le tableau de la répression, mais aussi celui de la transgression des interdits. Car Minoui, comme tout journaliste de terrain, se pose des questions et n’apporte pas de réponse. Elle relate avec le scrupule d’un clerc de notaire le banal, l’effroi et aussi le merveilleux. A propos d’une soirée de miliciennes : «Les tchadors pendaient à l’entrée comme à des potences. Leurs propriétaires étaient déjà sur la piste de danse. […] Bodies moulants, soutiens-gorge carmin sous chemisiers transparents, pantalons en faux cuir et bustiers à lacets. A l’heure du muezzin je les ai regardées s’éclipser l’une après l’autredans une chambre, sonoéteinte, pour la prière du coucher de soleil. Puis réapparaître sur la piste de danse, comme si de rien n’était.» Et de noter que ceux qui avaient causé la mort d’un de ses amis «étaient vraisemblablement du même groupe que ces miliciennes en pleine mue».

Le livre raconte aussi toute la difficulté d’écrire au quotidien sous la censure vétilleuse d’un régime qui vous convoque des heures en soufflant le chaud et le froid. Un régime qui découpe et annote votre propre production pour ensuite vous la mettre sous le nez. Ecrire au long cours, c’est faire décoller à la spatule les sucs (...)

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