Écoles, parcs, rues... Ces lieux au nom de l'abbé Pierre qui vont être débaptisés

Un nom devenu encombrant. La Fondation Abbé-Pierre a annoncé ce vendredi 6 septembre sa décision de changer de nom, après avoir dévoilé, avec Emmaüs, de nouvelles accusations de violences sexuelles visant l'Abbé Pierre. Emmaüs a en outre fait savoir que le lieu de mémoire dédié au prêtre situé à Esteville (Seine-Maritime) serait définitivement fermé. Ce petit village normand où repose l'Abbé Pierre a également un groupe scolaire qui porte son nom.

Dans un communiqué, le maire Manuel Grente a déclaré vendredi qu'"à la lumière des nouvelles révélations, et en solidarité avec les victimes, il n’est pas envisageable" de conserver cette dénomination "en l'état".

"Le nom d’une école n’est pas anodin pour un village. Cette dernière accueille des enfants de cycles 1 et 2 soit de la maternelle au CE2, c’est donc pour les enfants du village leur première école; cela nous oblige à prendre le temps de faire les bons choix", a ajouté l'édile.

Plusieurs écoles à son nom en France

L'Abbé Pierre, figure emblématique de la lutte sociale décédée en 2007, est accusé par un total de 24 femmes d'avoir commis des violences sexuelles, selon les rapports d'un cabinet spécialisé. Les témoignages font état d'agressions sexuelles, dont trois sur des mineures, et de viols.

Jusqu'à ces révélations, ce résistant et défenseur des démunis était une personnalité emblématique en France. Trois autres établissements scolaires portent ainsi son nom, selon l'annuaire de l'Éducation nationale, et doivent aujourd'hui faire face à un héritage problématique.

Florina Loisel, directrice de l'école primaire privée Abbé Pierre de Hédé-Bazouges, en Ille-et-Vilaine, explique à BFMTV.com avoir "commencé à échanger fin août avec la direction diocésaine de Rennes" pour changer le nom de cet établissement.

"On va commencer à en parler avec les parents lors des réunions du début d'année à partir de la semaine prochaine", affirme-t-elle.

L'idée est de faire émerger des propositions de nouveau nom, qu'ils soumettront à la direction diocésaine pour validation. Mais "on ne veut pas d'un nom par défaut", assure Florina Loisel qui veut prendre le temps de la réflexion face à une situation "rare".

Un appel aux propositions à Tinténiac

De son côté, à Tinténiac (Ille-et-Vilaine), le lycée professionnel privé Abbé Pierre, "qui porte cette dénomination depuis 2012, va également changer son nom dans les prochaines semaines", a-t-il annoncé lundi dans un communiqué envoyé à BFMTV.com.

La direction dit en avoir discuté avec les équipes éducatives et pédagogiques lors de la pré-rentrée du 30 août. "Afin d’associer tous les acteurs du lycée professionnel, il sera également proposé aux élèves et à leurs familles de faire part de leurs suggestions et propositions", ajoute-t-elle. Le lycée professionnel a pour objectif de communiquer un nouveau nom dès l'automne.

Contactée par BFMTV.com, la direction diocésaine de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine, qui a la tutelle de ces deux établissements, confirme avoir été contactée par ces derniers "pour entrer dans une démarche de changement de nom".

"Démarche que nous considérons légitime au regard de la gravité des faits reprochés aujourd'hui à l'Abbé Pierre", affirme la direction, qui déclare accompagner les structures dans cette démarche.

Le collège privé Abbé Pierre de Poitiers est sur la même longueur d'onde et indique à BFMTV.com vouloir se doter d'un nouveau nom.

149 voies portent le nom de l'Abbé Pierre

À travers la France, de nombreux lieux sont nommés après ce prêtre. 149 voies (rues, avenues, places...) portent le nom de l'Abbé Pierre ou de son vrai nom, Henri Grouès, selon un décompte de BFMTV.com. Certaines municipalités réfléchissent à les modifier.

C'est par exemple le cas de Limoges: la mairie affirme à BFMTV.com qu'elle va réunir sa commission de dénomination des rues, composée d'élus municipaux notamment, pour changer le nom de la rue Abbé Pierre. Mais la municipalité prévient que l'appellation ne sera pas supprimée tout de suite, car elle doit aussi prendre en compte les changements que cela implique pour les habitants de la rue qui vont voir leur adresse modifiée.

À Paris, la mairie veut aussi débaptiser les jardins Abbé-Pierre du 13e arrondissement vont, indique la municipalité, confirmant une information du Parisien. La procédure devra être validée par le Conseil de Paris. Et la ville de Nancy a annoncé lundi dans un communiqué le retrait définitif d'une plaque commémorative posée sept mois plus tôt en hommage à l'Abbé Pierre.

"La parole des victimes, femmes et enfants, doit être prioritairement entendue, respectée et soutenue. Le décès de l'Abbé Pierre et l'ancienneté des faits rapportés ne sauraient contrevenir à l'établissement de la vérité", a justifié la ville de Nancy.

Article original publié sur BFMTV.com